Elsa a 17 ans alors que le mouvement #metoo explose en France, elle prend bien connaissance de toutes ces dénonciations, mais ne se sent pas plus concernée qu’il ne le faut. Rien ne lui est encore arrivé, puis elle rencontre ce garçon plutôt ordinaire dans une fête familiale qui la laisse plutôt indifférente, mais puisqu’il la relance, elle décide de le voir. Les deux adolescents vont commencer à se fréquenter, Elsa est tellement excitée qu’il lui arrive enfin quelque chose, qu’elle n’hésite pas à aller plus loin avec son nouveau petit copain. Elle a aussi hâte de se débarrasser d’avoir eu une relation sexuelle, mais lorsque ça arrive enfin, elle ressent plutôt de la douleur et elle trouve cela interminable. Voulant plaire à son chum et être amoureuse, qu’elle se convainc que ça se passe ainsi. Elle aura plusieurs relations sexuelles avec lui, toutes de plus en plus difficiles, douloureuses. On comprend rapidement que ce petit ami n’a aucune écoute, qu’il ne pense qu’à son plaisir bien qu’il la questionne systématiquement après chaque acte sexuel pour savoir si elle a joui et combien de fois, Elsa ment puisqu’elle n’ose pas aborder l’enjeu pensant que le problème, c’est elle. Jusqu’à ce qu’elle se mette à saigner abondamment à chaque rapport sexuel, son partenaire se met à lui en vouloir comme si c’était sa faute, il ne voit pas qu’il y a clairement un problème. Puis, un soir, Elsa lui dit non pendant qu’il tente de commencer un rapport sexuel, mais il fait comme s’il n’avait pas entendu et il poursuit jusqu’à sa jouissance, se retourne et s’endort.
[…] parce que c’est ça l’amour, ça malmène un peu aussi, et si ça ne se passe pas toujours comme elle l’avait rêvé, c’est sûrement parce qu’elle en attendait trop. De toute façon, c’est bien connu, les filles, ça a mal tout le temps.
Son petit copain finira par la laisser pour aller étudier, c’est alors qu’elle comprend l’ampleur de la toxicité et de la violence de cette relation. Elle prendra de plus en plus conscience qu’elle a subi non seulement des violences sexuelles, mais un viol. Elle prendra donc, à son tour, part au mouvement #metoo pour échanger et pour tranquillement se reconstruire.
Un monde plus sale que moi est un excellent roman qui nous tient en haleine alors qu’on voudrait tellement dire à Elsa qu’elle ne mérite pas ça, que c’est grave ce que son partenaire lui fait subir. Elle mélange l’amour à l’attachement. L’autrice a réellement pu dépeindre toute la naïveté d’une première relation, des attentes démesurées et des non-dits quant aux relations sexuelles. C’est un récit contemporain qui parle d’enjeux encore très importants, soit l’éducation sexuelle, les relations de couple, le consentement. À lire.
- Autrice: Capucine Delattre
- Maison d’édition: la ville brûle
- Parution: 3 octobre 2023
- Nombre de pages: 274
Crédit photo: Valérie Ouellet