En 2021, le dessinateur Étienne Poisson et le scénariste et professeur en génie Olivier Robin ont publié leur première collaboration, Tuer le peintre, en auto-édition. La bande dessinée a reçu le prix Bédélys en 2022 et est publiée ce printemps chez Moelle Graphik.
Un tueur à gages est engagé pour tuer un peintre nommé Charles Marion Russell. Il parcourt le Montana et la Saskatchewan à la recherche du fameux peintre dans ce qui devient rapidement un western psychédélique.
Ce qui frappe d’abord dans Tuer le peintre est le style de Poisson. Il nous tient aux aguets en changeant de style au gré du récit, métissant le monochrome, le psychédélisme, les traits noir et blanc et le réalisme digne de la renaissance. Les couleurs sont parfois vives et parfois absentes. Chaque page est une découverte et on se sent comme le tueur à gages qui découvre, village après village, de nouveaux paysages à travers son aventure. On ne peut toutefois pas reprocher le manque de cohésion à l’œuvre, puisqu’on sent que cette désorientation amène un plus à l’histoire. Grâce à ce procédé, les dessins font partie de la trame narrative.
L’histoire, quant à elle, regorge de moments un peu déjantés au cours desquels on se demande si le tueur n’est pas en train d’halluciner. Les instants insolites s’accumulent et on finit par les accepter comme la réalité. On accepte le monde proposé par Tuer le peintre et on y plonge volontiers. On prend réellement goût à cet étrange Far West. On reconnait aussi beaucoup de clins d’œil et d’hommages à d’autres œuvres du même genre. On sent vraiment que les créateurs participent à une aventure qu’ils connaissent et qu’ils apprécient.
Il va sans dire, Tuer le peintre est une bande dessinée unique en son genre. C’est un voyage décadent dans lequel on se laisse perdre en espérant enfin tomber sur le fameux peintre. Poisson et Robin ont réellement créé une fantaisie qui leur est propre et en la lisant, on se permet de participer à cette excentricité.
- Auteurs : Étienne Poisson et Olivier Robin
- Éditions : Moelle Graphik
- Parution : avril 2023
- Pages : 80 pages
Crédit photo : Patrice Sirois