***coup de cœur***
Il y a vingt ans, la veille de Noel, mon meilleur ami a tué sa sœur et s’est jeté dans un ravin.
C’est sur cette phrase que ce livre commence et c’est tout le thème de ce roman biographique. L’année des 18 ans de l’auteur, son meilleur ami a assassiné sa sœur et s’est suicidé en se jetant dans un ravin par la suite. L’auteur habitait alors une petite plantation de citronniers en Espagne, un village minuscule où tout le monde connait tout le monde, alors un drame comme celui-ci laisse des traces indélébiles.
Alors qu’Hernandez a quitté depuis longtemps la plantation, il y revient visiter sa famille et ce drame revient le hanter. Il s’aperçoit qu’il a, depuis, effacé cette partie de sa vie, mais heureusement ou malheureusement, il en reste des preuves, les articles des journaux, un segment vidéo où il apparait alors que sa famille est interrogée sur le drame qui vient de se dérouler en ce réveillon. On découvre peu à peu ce qui a été dit du drame des années plus tard: est-ce que son meilleur ami a réellement tué et peut-être même violé sa sœur avant de se jeter du haut d’une falaise ou est-ce qu’il y aurait eu une troisième personne responsable de tout ce drame comme les parents l’ont clamé cette nuit-là?
L’auteur-narrateur se rend compte qu’il n’a jamais reparlé de l’évènement avec sa famille alors qu’ils ont été tous aux premières loges comme meilleur.e.s ami.e.s, voisin.e.s, collègues de l’assassinat et du suicide. La quête d’Hernandez est fascinante parce que réelle, humaine, elle recèle la curiosité et la volonté de ne pas tout savoir, tout connaître à la fois. Pour préserver quoi? Une amitié, une intimité, le repos éternel de la famille dont tous les membres sont maintenant décédés? Un mélange de tout ça. Le roman Vingt ans plus tard est touchant, troublant, dérangeant et pourtant absolument magnifique.
Un immense merci à Léo le libraire de la librairie Un livre à soi qui me l’a fait découvrir par son compte Instagram et ses recommandations toujours pertinentes. J’espère sincèrement vous le faire découvrir aussi, une histoire qui mérite qu’on s’y attarde.
Tu comprendras pour la première fois l’importance des mots. Ceux qui font mal et ceux qui sauvent. Ceux qu’on écrit dans un cahier et ceux qu’on se dit à l’oreille. Ceux qu’on garde aux creux de l’âme et ceux qui mettent une moitié de vie à sortir.
– p.284
- Auteur: Miguel Angel Hernandez
- Traductrice: Lise Belperron
- Maison d’éditions: Globe
- Parution: octobre 2021
- Nombre de pages: 284
Crédit photo: Valérie Ouellet