Combien d’auteurs québécois peuvent se targuer d’avoir réussi à s’imposer aussi durablement dans notre paysage littéraire que Dany Laferrière? Je n’en vois aucun dont l’étoile demeure aussi brillante au fil des années. Voilà pourquoi – en ces temps de pandémie – je me suis plongée avec joie dans ce 31e livre de l’auteur dans l’espoir d’être emportée «vers d’autres rives».
Ce roman, que Laferrière décrit comme une biographie des sensations, est entièrement écrit à la main. On y découvre sa calligraphie ronde au travers de dessins qui mangent souvent le texte. Ce joyeux fouillis de mots et d’images contribue à donner un nouvel éclairage à l’univers de Laferrière. On découvre la tête de Vava, la touffeur des marchés haïtiens et tant d’éléments qui peuplent l’univers coloré du romancier.
À quelques égards, on pourrait comparer ce roman à ceux de Michel Rabagliati puisqu’on y retrouve des représentations très détaillées des endroits chéris par l’auteur, tels sa chambre à Miami et ses quartiers à Montréal. Mais le véritable objet de ce roman, c’est la culture haïtienne, mise en valeur par de courtes histoires sur des poètes, des peintres locaux. Entre deux portraits d’illustres artistes, on retrouve aussi la vie à Petit-Goâve, une vie rude, que chacun tente de conjurer par différentes combines. Celle de sa grand-mère Da tient à une tasse de café qu’elle offre à tout venant pour récolter en retour quelques victuailles.
À lire à l’ombre d’un grand arbre pour s’envoler… Vers d’autres rives.
- Titre : Vers d’autres rives
- Éditions : Boréal
- Auteur : Dany Laferrière
- Année de parution : 2019
- Nombre de pages : 112
Crédit photo : Vicki Milot