Anita Anand partage son nom avec une journaliste britannique et une députée canadienne. Originaire de Montréal, elle est traductrice de nombreux romans et autrice. Les éditions de Ta Mère proposent ce printemps une traduction de son deuxième livre : Une convergence de solitudes.
On se retrouve parmi plusieurs milieux à Montréal autour des deux référendums. Une multitude de personnages vivent leur identité montréalaise, québécoise et canadienne à travers leur famille, la musique et leur environnement.
Une convergence de solitudes réussit le pari d’explorer le quotidien des gens lors de moments cruciaux d’une société. Par exemple, en plein référendum de 1980, on suit Rani, fille d’immigrants indiens, qui s’évade en explorant la musique rock progressive québécoise. Quotidiennement, elle s’attache à cette culture qu’elle découvre grâce à son art. On s’entend qu’elle n’est pas ministre, elle n’est pas dans l’action. Mais justement, la force d’Anand est de représenter le quotidien des habitants de la province lors de cette époque. Elle nourrit ces vies d’une grande nostalgie et d’une mélomanie immense. C’est très satisfaisant.
Aussi, Anand explore la vie des minorités visibles sous forme d’un grand album concept. Le livre est bâti comme une mixtape audacieuse sur quatre disques. Les nombreuses couches avec lesquelles l’autrice a construit son récit le rendent d’une complexité très intéressante.
Il n’y a pas une grande histoire à suivre dans Une convergence de solitudes. On s’immerge davantage dans les émotions, dans la recherche identitaire en petites étapes, dans la perspective et la sincérité. La plume d’Anand est magnifique et la traduction de Daniel Grenier aussi.
Bref, Une convergence de solitudes est une œuvre qui mérite notre attention. C’est très différent des autres récits à ce sujet et c’est ce qui en fait sa force.
- Autrice : Anita Anand (traduction de Daniel Grenier)
- Éditions : Ta Mère
- Parution : 12 mars 2024
- Pages : 448 pages
Crédit photo: Patrice Sirois