D’emblée, je dois vous faire un aveu. J’ai un gros faible pour Serge Bouchard, d’aussi loin que je puisse me rappeler. Je pense que mon premier contact avec lui a été par la radio et sa voix (quelle voix !) m’a fascinée, envoûtée et n’a jamais arrêté depuis ce temps. J’ai toujours eu l’impression que je pourrais l’écouter, le lire pendant des heures parce que j’apprends toujours avec Serge Bouchard. J’apprends des choses essentielles. Des bribes d’histoire, des légendes, des histoires de vie et d’amour aussi. Ce livre est aussi un hommage à Marie, son amoureuse des dernières années, sa complice, décédée maintenant d’un cancer au cerveau :
Plus rien n’existe que cet instant, que cette scène où nous discutons, Marie et moi, en buvant notre tasse de café. Mais le meilleur, c’est quand elle ne dit rien, quand je garde moi-même le silence, et que nous nous entendons penser, elle dans ma tête et moi dans la sienne.
– p.10
Un de mes premiers souvenirs de l’auteur est l’émission Histoire de chansons où il recevait des artistes qui venaient nous raconter l’histoire d’une chanson écrite par eux. J’en ai gardé un souvenir tellement touchant, important. Serge Bouchard a le don de remettre de la poésie dans l’ordinaire et ça, ça vaut tout l’or du monde. Je retrouve cette poésie dans Un café avec Marie.
Cet ouvrage est constitué de petits essais souvent devenus des chroniques pour la radio. Il nous parle, à son habitude, d’une panoplie de sujet « humains » : la maladie de ses amoureuses (Gynette et Marie), les derniers moments de cette dernière, entourée d’amies, de soignantes extraordinaires malgré la pandémie, il parle aussi d’héros, de personnages oubliés, de toponymie, de légendes (pourquoi je ne connaissais pas la légende qui a donné les noms aux constellations de la Grande ourse et de la Petite ourse?) :
Mais voilà qu’un jour, le roi-ours de l’Arcadie, chassant des ours en son domaine, allait tuer une belle ourse lorsque Zeus retint son bras, évitant de justesse que le fils tue sa mère sans le savoir. Pour que la chose ne risque plus de se produire, mère et fils furent envoyés au ciel, où ils forment depuis la Grande ourse et le Petit ours.
– p.171
Il nous raconte sa vie, les connaissances qu’il a chèrement acquises, ses réflexions, ses doutes, etc. Je trouve que ça fait du bien de lire Serge Bouchard. C’est comme s’arrêter un moment, souffler, réfléchir à l’important. On retrouve un ami et ça c’est précieux. Merci M. Bouchard.
- Auteur : Serge Bouchard
- Maison d’édition : Boréal, collection papiers collés
- Année de parution : 2021
- Nombre de pages : 270
Crédit photo : Valérie Ouellet