Nous avons maintes fois entendu la citation : « l’humour est la politesse du désespoir ». Cette citation s’applique tout à fait à ce magnifique texte de François Archambault. Édouard, professeur d’histoire à la retraite, a de plus en plus de problèmes de mémoire. Son épouse Madeleine, qui joue le rôle d’aidante naturelle, est au bout du rouleau. Au début de la pièce, les échanges aux rythmes rapides ponctués des réflexions en apartés de Madeleine, sont à la fois hilarants et dramatiques. On sent la détresse de Madeleine et la fragilité d’Édouard.
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Mais le texte va au-delà de ce drame. Il questionne de manière philosophique notre rapport au temps; notre façon de vivre dans le présent. Il interroge notre capacité à communiquer à l’ère des réseaux sociaux, où on nous vend l’idée de la communication simplifiée par le progrès technologique. Il pose aussi un regard sur la trace qu’on laisse derrière soi; sur le sens même de la vie. Le texte aborde aussi la question de transmission entre les générations. Édouard se rappelle le soir du référendum sur l’indépendance; il entend encore René Lévesque lancer : « à la prochaine fois ». Il se demande ce qu’il reste de tout cela.
Lorsque Madeleine n’en pourra plus elle ira trouver sa fille Isabelle qui vit avec Patrick, son nouveau conjoint, et Bérénice la fille de ce dernier. Toujours dans la forme tragi-comique ils s’échangeront la garde d’Édouard. C’est durant son tour de garde que Bérénice rappellera à Édouard un drame qu’il avait enfoui dans sa mémoire.
Une œuvre d’une grande intelligence et d’une belle sensibilité. Le comédien Guy Nadon, qui personnifiait Édouard sur scène, parlait encore récemment de ce texte comme d’un cadeau pour un acteur. À la lecture de la pièce on comprend pourquoi.
- Auteur: François Archambault
- Nombre de pages : 102
- Date de parution : 2014
- Éditeur : LEMÉAC
- Provenance : Bibliothèque municipale Saul-Bellow