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La trajectoire des confettis

Autant j’ai aimé La trajectoire des confettis, le premier roman de Marie-Ève Thuot, autant l’idée de résumer un tel récit me donne le vertige. Par où commencer pour décrire cette histoire de quelque 600 pages que j’ai dévorée et à laquelle je reviendrai un jour, c’est certain? 

Alors… au départ, c’est l’histoire de Xavier, barman Chez Hélie, qui rencontre une fille, qui, elle, s’appelle Fanny, parfois Cléopâtre et aussi Raphaëlle. Elle porte des vêtements colorés et mal assortis, elle a des discours hors du commun, un dinosaure tatoué sur la main et elle boit des cerveaux, une étrange mixture sucrée.  

Au départ, c’est aussi l’histoire de Zach, le frère de Xavier, et de Charlie, sa blonde, une prof fascinée par la création de papier peint. Ils forment un couple ouvert à la sexualité débridée et relativement publique, qui choque leur famille à coups d’anecdotes salées, et cache aussi un petit secret…  

Et il y a Louis, qui change de copine à chaque Noël et à chaque Saint-Jean depuis des années. Et Aline, qui accouche en même temps que Diane, la nouvelle blonde de son ex. Et William, le prêtre qui lit Les Mille et Une Nuits et finit par enseigner Le livre d’Ézéchiel à ses fidèles après avoir soupé avec une pècheresse pendant 5 mois, en presque toute innocence…  

C’est flou? Oui, mais non. Tout se tient dans cette fresque familiale haute en couleur qui frappe avec force les conventions de l’amour, de la famille, des genres et de la sexualité. On y découvre des femmes libres et libérées, des familles recomposées, des dilemmes moraux impensables et des liens alambiqués, et le tout, dans une langue maitrisée, agréable à lire et qui sert habilement le récit. 

À l’instar de certaines formes de surdité, les convictions souverainistes de Jacques sautèrent une génération, enjambèrent Zack, Xavier et Louis, et atterrirent, contre toute attente, sur Rosalie. Bon, Rosalie n’était pas vraiment la petite-fille de Jacques. C’était la fille du fils que Matthew avait eu avec Diane pendant que Jacques s’occupait de l’autre fils de Matthew né de son ex-femme dont lui-même était amoureux. Ou la fille du demi-frère des trois garçons qu’il considérait comme ses fils. Mais c’était aussi la petite fille de la femme avec laquelle Matthew avait trompé Alice. Mais la nièce des trois fils d’Alice. Enfin, c’était bien compliqué. – p. 492 

Avec un regard féministe franc, Thuot met en lumière les dictats de la religion, de la procréation et des traditions familiales, et ce, à travers des héroïnes et des héros originaux, aux multiples visions tourmentées de la vie. Entre le nord des États-Unis en 1899 et Montréal en 2027, elle réussit à créer un récit pluriel dans lequel on plonge avec un grand plaisir et dont on ne ressort pas complètement indemne… parce que découvrir les splendeurs et les drames du quotidien d’une famille plutôt atypique force à se questionner sur nos propres tabous, nos limites personnelles et nos convictions. Et ça fait du bien! 

Alors dire que j’ai aimé ce livre serait en dire trop peu. Il fait partie de ces livres que je me suis retenue de lire pour en garder pour le lendemain. Et il restera dans la pile de livres à portée de main, prêt à être conseillé, prêté, offert.  

  • Titre original : La trajectoire des confettis 
  • Autrice : Marie-Ève Thuot 
  • Nombre de pages : 624 pages 
  • Date de parution : 2019 
  • Édition : Les Herbes Rouges  

Crédit photo : Annick Lavogiez 

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