La littérature jeunesse démontre une réelle volonté à prouver aux enfants qu’ils peuvent devenir ce que bon leur semble. On tente d’éduquer les jeunes en prônant le fait que le genre ne devrait pas influencer les décisions qui jalonneront leur vie. La princesse qui voulait devenir générale, premier roman jeunesse de l’autrice québécoise Sophie Bienvenu s’insère dans cette tendance qui, espérons-le, est là pour rester.
Emma n’est pas une princesse comme les autres. Plutôt que de vaquer aux occupations habituelles résultant de la fonction de princesse, Emma préfère plutôt les joutes d’escrime. Son plus grand rêve est de devenir générale d’une armée. Mais comme le dit son père le roi Philippe le 118ème «ça ne se fait pas». Emma n’a que faire des traditions. Elle fait donc «ce qui ne se fait pas». Elle désobéit aux ordres de son père et quitte le royaume afin d’aller déclarer la guerre à qui le voudra bien. Emma sait que depuis toujours, un conflit existe entre les elfes, les nains et les nomades. Il est donc temps que les hommes se joignent à la querelle, cessent de se cacher derrière leur fortification et qu’ils aillent au front.
La force de ce roman jeunesse est bien certainement l’aspect féministe du récit. Emma prend son destin en main et n’accepte pas que les traditions guident sa destinée. Il en va de même pour son frère Philippe le 119ème, communément appelé Gigi qui, lui aussi, tiendra tête au roi conservateur en assumant pleinement sa féminité. Emma et Gigi sont, à mon avis, des modèles pour tous; fille ou garçon. Ils font fit des stéréotypes. De plus, Emma est un personnage qu’on prend plaisir à suivre dans son aventure. Elle est tenace et se bat pour ses convictions. Elle ne porte pas de jugement et est ouverte d’esprit. Elle embrasse la différence et veut faire la différence. Emma est aussi imparfaite, ce qui la rend encore plus attachante. Elle est boudeuse et on pourrait même dire d’elle qu’elle est naïve. En effet, il faut être crédule pour croire que quelqu’un oserait déclarer la guerre à une personne si bonne.
La princesse qui voulait devenir générale est un roman jeunesse bien ficelé. Sophie Bienvenu a su bâtir un monde fantastique crédible tout en faisant des références au monde moderne qui ancre, d’une certaine façon, le récit dans le réel. La lecture est agréable et soutenue par des illustrations magnifiques de Camille Pomerlo. La princesse qui voulait devenir générale parle de différence, d’acceptation, de courage et de solidarité. Un roman jeunesse qui véhicule un message précieux.
- Auteur: Sophie Bienvenu
- Illustrateur : Camille Pomerlo
- Nombre de pages: 130 pages
- Date de parution : 2017
- Éditeur: De la Bagnole
Crédit photo : Noémie Philibert-Brunet
Pierre Brunet
19 janvier 2018 à 11:16 amQue l’enfant choisisse un métier non traditionnellement identifié à son sexe, je suis d’accord. Personnellement, je n’aime pas l’idée de choisir un métier guerrier pour démontrer ce principe.