Azouz Begag est à la recherche de ses racines. Ses parents, nés dans l’Algérie coloniale, ont toujours été réticents à parler de leur passé et de leur enfance. Issus d’un milieu très pauvre et nés dans des villages excentrés, on leur a attribué des dates de naissance et des prénoms, choisis par les Français qui cherchaient alors à « recenser » sa population, à donner des papiers et une identité aux « indigènes ». Hanté par des sentiments de colère, d’amertume, d’espoir et d’amour, Azouz Begag tente de se frayer un chemin, de se construire, de se comprendre et de se solidifier. Comprendre d’où il vient pour avancer. Pour continuer à marcher.
Mais voilà que son père, Bouzid Begag, est atteint de la maladie d’ « Ali Zaïmeur » ; une maladie qui lui ronge les souvenirs et qui, avec son nouveau patronyme aux sonorités amazighs, prend une forme humaine. Se transforme en ennemi à abattre, à combattre et qui, tôt au tard, finira par capituler. Azouz en est certain. Sa mère aussi, elle qui ne s’imagine pas vivre sans son mari à ses côtés. Ses amis exilés du Café du Soleil, eux aussi, croient dur comme fer que Bouzid réussira à se débarrasser de ce personnage qui le hante et qui lui vole tous ses souvenirs. Ils le croient par amour, par nécessité ; Bouzid a toujours fait partie de leur vie. Il a toujours été là, les a soutenu, les a aimé comme on aime des frères. Des frères de déchirures, de blessures, de déracinement et de solitude. Des frères de cœur. Et un jour où Bouzid fugue à nouveau dans le but de s’enfuir vers l’Algérie par bateau, Azouz le retrouvera finalement entouré de ses compatriotes, de ses frères du Café du Soleil où ils y passeront la journée. À boire un thé à la menthe, à jouer aux cartes. À se disputer, à se comprendre. À se remémorer, malgré tout.
Vibrant hommage à son père, Azouz Begag nous offre une ode à l’amour et à la paternité touchante et sensible. Il nous transmet, humblement, ses questionnements, ses besoins de réponses, ses recherches, ses doutes et ses blessures. Il nous parle de lui, de ce qui le tenaille et ce qu’il ressent face à cette puissance colonisatrice qui est devenue également son chez-lui, son pays. Il nous parle de soutien, de solidarité, de complicité. De lutte et de survie. De négation, d’humiliation. De fierté et d’honneur. De sensibilité et de tendresse.
Une œuvre sensible et puissante à lire, tout doucement.
- Auteur : Azouz Begay
- Date de parution : 9 avril 2018
- Éditions : Éditions du Seuil
- ISBN : 9782021392005
Crédit photo : Mylène de Repentigny-Corbeil