Shantaram est l’un des livres les plus touchants, captivants et enivrants que j’ai pu lire dans ma vie. Je me rappelle avoir dévoré cette brique de près de 900 pages en quelques jours. Je revenais de l’Inde et je l’avais vu à chaque détour et chaque coin du pays. Les voyageurs en parlaient comme d’un livre mythique ; les Indien-nes, comme d’un roman réaliste d’un auteur étranger qui avait vu l’Inde dans toutes ses facettes.
Lorsque mon père m’a donné L’ombre de la montagne, j’étais hésitante. La lecture de Shantaram m’avait touché à un point tel que de me replonger dans cette histoire tumultueuse d’un fugitif australien en Inde, désormais faussaire de passeports et membre de la mafia de Mumbai, après avoir vécu pendant deux ans dans les bidonvilles et avoir donné son cœur à cette ville fascinante et enivrante, me faisait peur. Et si j’étais déçue ? Et si, cinq ans plus tard, la plume de Gregory David Roberts ne me touchait plus de la même manière ?
Je savais, également, que je devais choisir le bon moment pour me plonger dans cette lecture particulière. Parce que le livre contient près de 1000 pages, parce que je savais qu’au moment où je le débuterais, je ne pourrais plus m’arrêter et, surtout, parce que j’avais besoin de le lire au bon moment, au bon endroit et dans le bon état d’esprit.
J’étais donc sur la route, en roadtrip aux États-Unis pendant un mois avec une amie. J’avais ce sentiment de liberté qui s’accompagne au voyage. J’avais cette nostalgie de mes anciennes péripéties, qui se font plus rares et plus sporadiques qu’avant. C’était le bon moment, le bon endroit. Pour me laisser transporter à nouveau.
Je l’ai dévoré. Je ne pouvais plus m’arrêter. Je retrouvais Lin le fugitif et mafieux de Mumbai, Karla l’amour de sa vie à la beauté mystérieuse et enivrante, Abdullah l’iranien taciturne, violent et meurtrier, mais également dévoué, loyal et attachant. Lisa, Vishnu, Kavita, Vinson, Didier, Naveen, Vikram… Le Léopold, ce bar abritant touristes et locaux au centre de Mumbai, lieu cible d’un attentat terroriste en 2008. Les odeurs, les couleurs, les folies. J’ai retrouvé la beauté, la force et la puissance d’écriture de Roberts. J’ai retrouvé cet amour profond pour l’Inde.
Je suis retombé en amour avec Shantaram – deuxième nom de Lin – à nouveau.
Et j’aurais aimé ne jamais le quitter.
- Auteur : Gregory David Roberts
- Date de parution : 2017
- Éditions: Flammarion Québec
Crédit photo : Mylène de Repentigny-Corbeil