Thara Charland nous emmène dans sa quête toute personnelle de découvrir qui était son père. Bien qu’elle l’ait connue, qu’ils aient habité sous le même toit, il est mort subitement, très jeune, à 47 ans. Un récit raconté au « tu », très personnel, entre l’hommage et le journal intime.
Étaler toutes les photos que j’ai de toi sur la grande table en pin de la cuisine, mesurer l’évolution de ton corps dans le temps et m’attacher à l’une d’elles où tu es tout petit, entouré de ta mère, de ton frère et de tes sœurs. Assis par terre, tu occupes la position de cadet, tout le monde pose sur le grand canapé à l’imprimé que j’imagine au goût du jour.
– p. 15
Elle trouvera, suite à son décès, dans un sac à déchets, des photos qu’il gardait ? Qu’il cachait ? L’autrice découvre bientôt qu’elle ne connait pas son père ou si peu. Elle décide alors d’interviewer, de remonter dans son passé, de tenter de cerner cet homme si mystérieux pour elle encore. Elle tentera d’en savoir plus sur sa courte vie tissée de drames où les hommes meurent jeunes. Est-ce que son père a été heureux ? Sentait-il qu’il allait mourir ? Est-ce que ce sentiment a dicté sa vie ? Est-ce que ça devrait dicter la vie de sa fille ?
Hélène ajoute si ça avait été rien que de lui, on aurait eu des enfants tout de suite. J’avais vingt et un ans, j’avais tout le temps du monde pour avoir des enfants, mais il m’a annoncé qu’il allait mourir jeune, comme son père. Il était convaincu de ça. Il fallait qu’il ait des enfants tôt. Il voulait donner ce qu’il avait jamais eu, lui. Mais, tu sais Thara, on peut pas donner ce qu’on a jamais eu.
p. 43
J’ai bien aimé cet ouvrage qui se lit très facilement. Il donne envie de profiter du temps que nous avons avec nos proches et de ne pas attendre pour tenter de les connaître encore plus. Chaque famille a ses secrets, ses mystères, les pères peut-être plus encore. J’ai pu très rapidement m’attacher à l’histoire de l’autrice et j’avais toujours envie d’en lire plus, qu’elle puisse en apprendre plus sur ce père absent, mais si important, si présent encore dans sa vie. L’ajout des photos d’archives nous permet d’entrer encore plus en contact avec cette histoire et de nous projeter dans la nôtre aussi: le décor, l’ambiance, les regards. Il y a des éléments « universels » dans ces photos qui nous ramènent à notre propre histoire familiale.
- Autrice: Thara Charland
- Maison d’éditions: La Mèche
- Parution: mars 2022
- Nombre de pages: 216
Crédit photo: Valérie Ouellet