Les terres indomptées

Publié le 22 mars 2025

Lauren Groff que j’avais découverte avec Matrix récidive avec un récit de survie, haletant où nous suivons une jeune servante orpheline qui débarque avec ses maîtres dans le Nouveau Monde, à l’hiver 1610, au moment où une famine dissémine la colonie.

Lorsque la jeune enfant dont elle prend soin, la petite Bess, finit par mourir de faim et de la fièvre, elle n’écoute que ses instincts et fuit la colonie armée seulement d’une hachette, d’une timbale, d’un couteau et d’un silex. Elle porte en couches superposées tous les vêtements qu’elle a pu trouver.

Elle commence, alors, un périple qui ne semble pas avoir de fin, elle fuit en longeant le fleuve tentant de se rendre, on ne sait où, en courant, fuyant tantôt un soldat qu’on aurait mis à ses trousses, tantôt un fou, tantôt des autochtones, tantôt des bêtes sauvages.

Cette quête de survie tient en haleine le lecteurice tout au long. Je me surprenais, parfois, à regarder le nombre de pages en me demandant comment elle pourrait encore se tirer d’affaire, mais l’instinct de survie plus fort que tout insiste et sauve la jeune fille d’une mort atroce et lente.

Tout au long du récit, la jeune fille redécouvre aussi la nature et se met à douter d’un dieu, elle communique avec la nature et redécouvre la simplicité de seulement vivre, mais aussi la force en elle qu’elle ne soupçonnait pas :

À son réveil, elle se leva pour reprendre sa marche, et cette nouvelle souffrance, qui dans la ville de son enfance l’eût fait vagir comme une enfantelette et s’aliter, n’était qu’une vaguelette parmi toutes les vagues qu’elle supportait.

– P. 193

La force de l’écriture de Lauren Groff est, premièrement, d’accrocher le lecteurice, malgré une histoire simple, la fuite et la survie de la jeune servante, on poursuit ce livre comme un bon thriller, mais, deuxièmement et principalement, l’autrice réussit à rendre l’histoire contemporaine, moderne. La survie d’une femme parmi les dangers qui la guettent, quels qu’ils soient. Cela fait de ce roman historique : un roman féministe.

Car quelle femme n’a pas éprouvé en s’en allant par une rue obscure, ou bien sur un sentier au fin fond des campagnes, les fantasmes brutaux d’un homme qui l’épie, tapi dans l’ombre, et senti sur sa peau ce même frisson glacial, avant que de presser le pas pour s’y soustraire ?
– P.41

Je vous recommande chaudement cet excellent roman de Lauren Groff, un roman parfait dans cet hiver qui ne finit plus.