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Le plongeur, une immersion cinématographique unique et réussie dans l’univers de Stéphane Larue

À mon avis, la littérature est un médium dans lequel les mots priment pour permettre aux lecteurs de plonger dans une histoire, de s’évader dans un nouvel univers, leur laissant la liberté de laisser aller leur imagination pour illustrer l’environnement et la galerie de personnages créés par l’auteur dans leur tête lors de la lecture .   

Toutefois, certains univers littéraires ont une histoire si captivante et une galerie de personnages étoffée et marquante qu’ils  méritent  de sortir de la tête des lecteurs et des créateurs pour prendre vie à l’écran qu’ils soient petits ou grands.  Bon nombre d’œuvres québécoises ont eu une seconde vie à l’écran et cette nouvelle année s’annonce fertile en adaptations. Nous vous parlerons assurément de certaines d’entre elles lors de leurs sorties respectives.  

Pour le moment, laissez-moi vous parler du film Le plongeur, une adaptation cinématographique du roman coup de poing de Stéphane Larue, originalement paru en 2016 aux éditions le Quartanier. Vendredi le 3 mars 2023, j’ai eu le privilège d’assister, au nom de Page par page, à une projection spéciale de ce film. 

En effet, l’auteur du roman, une partie des comédiens ainsi que le réalisateur Francis Leclerc sont venus au cinéma 9 de Gatineau dans le cadre des Rendez-vous Québec Cinéma pour présenter le film au public présent. De plus, ils ont eu la générosité de m’accorder une entrevue de groupe avant la projection afin de vous plonger dans cet univers et vous inciter à découvrir ou redécouvrir cette œuvre, que ce soit par le biais du livre ou de son adaptation cinématographique  

Francis Leclerc est un grand réalisateur qui, bien qu’ayant coécrit ses deux premiers films, s’est ensuite tourné vers l’adaptation d’œuvres littéraires. On peut penser à Pieds nus dans l’aube de son célèbre père Félix Leclerc, (réédité chez Fides en 2017) Un été sans point ni coup sûr de l’auteur Marc Robitaille (réédité aux éditions 400 coups en 2008) ou, plus récemment, le conte L’arracheuse de temps de Fred Pellerin (réédité chez Sarrazine éditions en 2021). J’ai eu envie de savoir ce qui l’attirait vers ce type de projet cinématographique en particulier  

D’emblée, ce dernier m’indique qu’après avoir coscénarisé ses deux premiers films avec Marcel Beaulieu (Une jeune fille à la fenêtre , sorti en 2001 et Mémoires affectives , sorti en 2004). Il s’est rapidement rendu compte que pour lui, écrire est un processus pénible, qu’il avait de la difficulté à avoir de nouvelles idées et il a constaté en lisant qu’il y avait plusieurs histoires qui captaient beaucoup plus son intérêt que ce que lui-même avait à dire:  « Je pense que je suis un meilleur réalisateur que scénariste »,  indique Francis Leclerc « J’aime les bonnes histoires et le Québec en regorge », conclut- il.  

Quant à Stéphane Larue, l’auteur de l’œuvre littéraire, a-t-il trouvé que le film présente des images qui correspondent aux images qu’il avait en tête au moment d’écrire ce livre qui a eu le succès qu’on lui connaît et qui est inspiré de son propre vécu ?  Sans hésitation, l’auteur nous répond avec enthousiasme que non, ça ne correspond pas du tout, mais pour lui c’est quelque chose de positif:  « La magie de l’adaptation c’est que tu peux voir ce que ton œuvre inspire à un autre créateur. Ce que j’ai vu, c’est Le plongeur de Francis Leclerc et toute son équipe et c’est vraiment ça que je voulais voir. », affirme l’auteur. « Je ne voulais pas voir un résumé de mon livre en images.  Je voulais voir un film qui raconte son histoire, qui respecte l’univers de mon livre mais qui est capable de faire exister une œuvre en soi. » Il conclut en nous disant une phrase que je trouve tellement significative et avec laquelle je suis 100 % d’accord :.  « La force du cinéma c’est d’être capable de créer une œuvre qui est autonome et solidaire au livre ». 

J’ai ensuite eu la chance de discuter avec Henri Picard, qui tient le rôle-titre du film. Anecdote : La production de ce film a dû être reportée, notamment en raison de la pandémie. Il y a donc eu plus d’un processus d’auditions et, à l’origine, ce n’était pas lui qui avait obtenu le rôle. Il aurait été trop jeune si le projet s’était fait au moment initialement prévu.  Alors, j’ai eu envie de savoir en quoi il croit que c’est lui LE meilleur plongeur. Le jeune acteur m’indique que c’est une question de momentum, une connexion qu’il a eu avec le réalisateur mais aussi et surtout l’approche du personnage qu’il a présenté en audition qui a fait de lui l’heureux élu. Il m’a parlé de cette audition : « À l’entrée de l’audition, au lieu de me présenter en plongeur je me suis présenté en menteur. » Il m’a aussi parlé d’une des scènes présentées lors de cette audition : « La scène était celle dans laquelle le personnage de Bébert donne la formation au plongeur. Au lieu d’avoir l’air du gars qui n’a jamais fait de plonge de sa vie je mentais comme si j’avais déjà fait de la plonge et que je comprenais comment ça marchait. Pis je pense que ce côté menteur là dans mon approche de l’audition, c’est ce qu’il (NDLR : le réalisateur) a aimé » 

J’ai aussi eu la chance de m’entretenir avec Maxime de Cotret qui interprète Greg dans le film et que les télévores connaissent comme étant celui qui interprète Réginald dans la série 5e rang. J’ai voulu savoir comment il a abordé le projet.  Le comédien m’indique qu’il a lu le livre, mais il me parle surtout de l’écoute du partage et du rire qui régnaient sur le plateau. « Dans les coulisses on riait beaucoup, ça m’a permis d’aller encore plus loin dans la crasse de ce personnage-là. Le fait de rire nous permet de dédramatiser ce qu’on fait et d’accéder encore plus à ce qu’on fait », conclut l’interprète du personnage que l’on pourrait décrire comme étant le méchant de l’histoire. 

En terminant l’entrevue, j’ai demandé aux six membres de l’équipe présents (Stéphane Larue, Francis Leclerc et les comédiens Charles Aubey-Houde, Joan Hart, Henri Picard et Maxime De Cotret) de me nommer  un mot  qui, selon eux. décrit bien le film pour convaincre les cinéphiles d’aller découvrir le film. Voici les mots qui en sont ressortis : 

  • Montréal la nuit 
  • Bordel 
  • Épinards 
  • Énergie  
  • Immersion 
  • Minotaure 

Et puis ? Avez-vous envie de découvrir ou redécouvrir l’univers du plongeur à travers le film ?  

En tout cas, je vous le conseille vivement.  Voici quelques bonnes raisons parmi tant d’autres de vous précipiter au cinéma près de chez vous pour le voir :  

  • Henri Picard crève l’écran;  
  • Les prises de vue sont incroyables, on se croirait vraiment dans le Montréal des années 2000;  
  • La trame sonore du film est hallucinante;  
  • L’univers du livre est bien reflété; 
  • Gros coup de cœur pour les comédiens Charles Aubey Houde (Bébert) et Joan Hart (Bonnie) que l’on ne voit pas souvent dans des rôles de premier plan à l’écran. C’est une belle occasion de les découvrir.  

Ceux qui ont lu le livre vont sans l’ombre d’un doute apprécier le film et ceux qui ne l’ont pas encore lu vont certainement vouloir après le visionnement, car bien que les deux œuvres puissent être consommées de manière indépendante, elles sont toutes deux des incontournables. Le livre doit être lu et son adaptation cinématographique doit être vue !!!!  

  • Le plongeur, un film de Francis Leclerc adapté du roman de Stéphane Larue , à l’affiche depuis le 24 février 2023 
  • Avec Henri Picard , Charles Aubey-Houde , Maxime De Cotret, Joan Hart, Fayolle Jean Jr, Marie-Ève Beauregard et plusieurs autres  
  • Réalisation: Francis Leclerc - Scénario: Eric K. Boulianne, Francis Leclerc d’après le roman éponyme de Stéphane Larue - Consultants à la scénarisation: Stéphane Larue, Éric de Larochellière – - Société de production: Sphère Média avec la participation financière de la SODEC, de Téléfilm Canada, de Bell Média, du Fonds Québecor, ainsi que du crédit d’impôt provincial et du crédit d’impôt fédéral - Distribution: Immina Films 
  • Le plongeur, livre de Stéphane Larue  
  • Date de publication originale : 24 octobre 2016  
  • Date de réédition : Janvier 2023 
  • Maison d’édition : Le Quartanier  
  • Nombre de pages : 567 

Crédit Photo : France Bastien  

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