« So many people
want to cry quietly
beside you »
– I had it for a moment, 1963
Montréal a perdu son prince.
L’amour, la religion, le désir, la perte, la politique, la solitude.
Les démons qui habitaient Leonard Norman Cohen sont universels et intemporels et par là même, étaient les nôtres. Le poète, romancier, auteur-compositeur et interprète nous a quittés le 7 novembre 2016. Le monde est en deuil. Montréal, sa ville natale, en berne. Géant comme la montagne du Mont-Royal, il en demeurera l’icône.
Né à Westmount en 1934, Leonard Cohen a étudié à McGill. C’est lors de ses études en lettres dans cette université qu’il dévoilera ses premiers poèmes. L’année suivant sa graduation, alors âgé de 22 ans, il publiera son premier recueil de poésie Let Us Compare Mythologies. Vivant surtout aux États-Unis depuis quelques années, il a toujours gardé son appartement rue Vallières.
« Between the City of Montreal
and la Ville de Montréal
there is a little park they call
the Parc du Portugal »
– Parc du Portugal With Verse
En relisant ses poèmes, on ne peut s’empêcher de l’entendre. De sa voix rauque caractéristique qui tord les cœurs. À la fin de sa vie, il murmurait plus qu’il ne chantait. Mais comme toujours, ses poèmes, son ton, ses textes venaient des profondeurs de son intimité. Ses chansons et sa poésie, mélancoliques et lumineuses, étaient comme tissées dans la noirceur, délicatement, lentement, soigneusement.
Artiste engagé, on se rappellera qu’en 1969, l’interpète de The Partisan a été le seul auteur de langue anglaise à avoir refusé le prix du Gouverneur général du Canada, pour montrer sa solidarité avec les auteurs québécois. Il a par ailleurs gagné de nombreux prix à travers le temps, dont le Glenn-Gould en 2011, souvent qualifié de Prix Nobel chez les artistes.
Le Musée d’art contemporain avait déjà prévu de lui consacrer une exposition à l’automne 2017, dans le cadre des célébrations du 375ème anniversaire de Montréal. Débutant le 9 novembre 2017, soit un an (presque jour pour jour) après son décès, Leonard Cohen – Une brèche en toute chose / A Crack in Everything, sera l’occasion de rendre hommage à son œuvre gigantesque, s’étalant sur plus de cinq décennies. En attendant, pour conjurer notre chagrin, espérons des funérailles nationales afin de lui démontrer collectivement le respect et la gratitude que nous lui devons.
Bon repos, géant.
Chapeau bas, monument.
Merci, poète.
A Thousand Kisses Deep,
Montréal.
Crédit photo: Caroline Dawson