AVERTISSEMENT: âmes sensibles, s’abstenir.
Ce court roman de Roald Dahl, publié pour la première fois en 1977, suit les péripéties de trois jeunes adolescents lors d’un bel après-midi de printemps. Les gestes horrifiants qu’Ernie et son copain Raymond posent à l’égard de Peter nous font vivre l’enfer de l’intimidation à l’extrême. La cruauté et le sadisme des deux enfants de 15 ans envers leur compagnon de classe sont terriblement méchants et gratuits.
«Peter Watson songea à s’enfuir. Mais la seule possibilité, c’était de leur tourner le dos et de courir à toutes jambes, ce qui n’aurait servi à rien. Ils l’auraient rattrapé en quelques secondes. Et s’il appelait au secours, personne ne l’entendrait.» (p. 19)
Dès les premières pages, on suit le quotidien d’Ernie qui a reçu une arme de tir pour son anniversaire et on comprend vite comment ce cadeau donne du pouvoir à un intimidateur qui ne devrait pas en avoir autant. Lui et son meilleur ami, aussi brutal qu’Ernie, croisent sur leur chemin le chétif Peter Watson qui représente tout ce qu’ils ne seront jamais: intelligent, sensible et doux. Ils lui font chèrement payer ces différences et c’est l’estomac en nœud que j’ai réussi à tourner les pages, craignant pour la vie de cette petite victime innocente.
Ce que Roald Dahl (aidé de magnifiques illustrations de Jean Claverie) décrit est d’une vérité criante et terrifiante. C’est laid, c’est cru, mais c’est bel et bien réel. Dans un monde où on ne cesse de parler d’empathie et de résilience, la lecture de cette œuvre où l’absence de l’une est la naissance de l’autre me semble essentielle pour créer des discussions et inspirer des réflexions avec nos grands enfants (12 ans et plus).
La fin abrupte peut surprendre et laisser le lecteur sur sa faim, mais c’est probablement parce que nous sommes trop habitués aux dénouements établis et au sort des personnages clairement indiqué. Préparez-vous pour une courte lecture qui vous demandera peut-être quelques pauses afin de digérer l’horreur de l’insensibilité et de l’inhumanité.
Certains êtres, lorsqu’on leur fait subir trop d’épreuves, qu’on les oblige à dépasser les limites de leur résistance, s’effondrent et abandonnent. Il en est d’autres au contraire, quoique peu nombreux, qui, pour on ne sait quelles raisons, ne se laissent jamais vaincre.
– p. 63
- Auteur: Roald Dahl
- Illustrateur: Jean Claverie
- Éditions: D’eux
- Date de parution: 2022
- Nombre de pages: 68 pages
Crédit photo: Vanessa Gragnani