Emmanuelle Walter est une auteure que j’adore. C’est elle qui avait écrit le très nécessaire livre Sœurs Volées : enquête sur un féminicide au Canada, publié chez Lux Éditeur en novembre 2014, dans lequel elle parlait des femmes autochtones disparues ou assassinées. À lire si ce n’est pas déjà fait.
Mais ce n’est pas de ce livre dont je vais vous parler dans cet article. Je viens de terminer son plus récent ouvrage, Le Centre du monde, qui est vraiment captivant et instructif. Un essai que tous ceux qui sont intéressés par le nord du Québec et les Premières Nations devraient lire.
Acheter ce livre en cliquant sur ce lien
L’auteure y raconte le roadtrip qu’elle a fait à l’été 2015 avec Roméo Saganash, le député du NPD de la circonscription Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou, passant par plusieurs communautés autochtones de la Baie-James.
Au fil des kilomètres parcourus, des villages et des rencontres, plusieurs thèmes sont abordés : le détournement des rivières, la Convention de la Baie-James et la Paix des Braves, la construction de barrages hydroélectriques, le territoire, la chasse, les pensionnats, les problèmes de logement, la déforestation, la crise climatique, etc.
C’est un livre très pertinent pour comprendre les enjeux politiques et sociaux qui concernent les Premières Nations, mais également touchant par les témoignages de Roméo Saganash et des autres autochtones rencontrés. J’ai été particulièrement émue par le récit de Roméo Saganash sur ses années passées dans un pensionnat de La Tuque.
Emmanuelle Walter réussit à dépeindre cette réalité avec une certaine poésie, une manière de raconter qui séduit et captive le lecteur. En voici un passage :
J’ai compris que faute de frôler les ours, les loups et les caribous, faute de ramer, de pêcher, de chasser, de cueillir les bleuets et le thé du Labrador, on ne peut pas se fondre dans ce puzzle de rivières rugissantes, de routes poussiéreuses, de forêts épaisses, de taïga courtaude, de mamelons rocheux, de bois grouillant de mouches noires, de plages brutes.
J’ai perçu la Baie-James comme un pays en soi; une terre que l’on parcourt en oubliant le reste; une Amérique comme inviolée, tenace, qui se superpose aux sols troués, aux rivières harnachées, aux forêts déforestées; où l’on se sent au cœur du monde. (Emmanuelle Walter, Le centre du monde, p. 10)
- Auteur : Emmanuelle Walter
- Nombre de pages : 152 pages
- Date de parution : Novembre 2016
- Éditeur : Lux Éditeur
- ISBN : 9782895962113
Crédit photo : Jeanne Lavictoire