Dans un Montréal nocturne et ordinaire, Laurel revoit son ex, Jon. Amoureux et insistant, il tente de la convaincre de la beauté de leur amour et de la nécessité de reprendre leur relation. Laurel est silencieuse, meurtrie ou indifférente, incapable de se souvenir de cette relation soi-disant parfaite à laquelle elle a mis fin. Lorsque les deux se séparent, Laurel erre dans la nuit. Entre Andreas, l’ami ambigu, et Saltman, le fêtard, Laurel hésite sur la voie à suivre. Elle se laisse porter par des rencontres, dans une latence distante, semi-poétique, semi-ordinaire.
Je repense à Jon. J’aimerais mieux pas, mais je n’y peux rien, je repense à cette rencontre et je ne me sens pas bien. Ça ne passe pas. C’était un rendez-vous manqué. Un moment que j’aimerais effacer. Ou bien reprendre entièrement. Un moment qui reviendra sporadiquement, par flash. Inévitablement, ça reviendra. Ça me poursuivra jusqu’à ce que je ressente de nouveau quelque chose pour Jon. Quelque chose de définitif, de l’ordre de la tendresse ou de la haine. Quelque chose qu’on arriverait à nommer. Je ne sais pas. Je ne sais plus.
Quelle fatigue, tout à coup.
Une chose sensée, les gestes à poser, les mots à dire se déterminent-ils selon l’affect approprié? Cette histoire se résoudra-t-elle si je trouve le bon sentiment?
Quelle fatigue.
Plus j’y réfléchis, plus il m’apparaît clair que ma vie, somme toute banale, est une affaire compliquée de goût et de dégoût, d’envie et d’abjection, de gens et de lieux qui m’attirent ou me rejettent.
Je ne me sens pas bien, ça ne passe pas.
Je couvre mes yeux de mes mains pour tout recouvrir de l’image qui me reste de cette soirée. À l’envers de ce qui m’est discernable persiste l’espace négatif duquel se détache cette histoire morte. L’inquiétude s’agrège.
Étrange héroïne que Laurel, qui nous fait vivre l’indifférence d’une relation raté, ses questionnements identitaires, ses besoins silenciés, ses envies non-identifiées, ses errances physiques et émotionnelles. Certains passages m’ont particulièrement marqué, notamment toutes les réflexions sur ses relations, tant par le style, fort de sensibilité et de franchise, que par le contenu.
Un roman somme toute intriguant à découvrir aux éditions XYZ, dans la collection Quai no5.
- Autrice : Laurence Pelletier
- Maison d’édition : XYZ
- Date de parution : 26 avril 2023
- Nombre de pages : 184
Crédit photo : Annick Lavogiez