Bien que je n’aie pas lu l’ensemble de l’œuvre de Louise Desjardins, je vous recommande d’emblée La fille de la famille comme lecture initiatique. Dans cette fiction aux couleurs biographiques, on découvre la famille traditionnelle québécoise telle qu’elle était dans les années 50-60.
À cette époque charnière de notre histoire, les femmes instruites peuvent enseigner, mais doivent s’astreindre à une série de règles non écrites. Pour la « Fille de la famille » il n’y a pas de passe-droit : elle doit faire approuver les lectures qu’elle présente à ses élèves par l’évêché et boucler un mariage vite fait sous peine de perdre son poste de professeure au séminaire.
C’est donc une incursion dans les mœurs d’une époque rigide que nous présente Louise Desjardins. Et on y plonge avidement, guidé par la plume habile de l’auteure. Avec fluidité, on passe de l’enfance à la vie adulte de la protagoniste qui doit tantôt défier son père et ses quatre frères pour trouver sa place dans l’existence, tantôt batailler avec son amoureux pour se créer une identité propre.
La suffragette, telle que la surnomme son père, mettra bien des années à sortir du moule dans lequel elle a été élevée, mais sa nature profonde finira par avoir raison des dictats de son époque.
Pour prendre la mesure de ce grand roman d’émancipation douce, en voici quelques lignes:
Je porte le nom de naissance de mon mari. C’est la loi de Dieu et des hommes. Ce nom m’a été attribué parce que je suis femme de. Déjà que mon nom était celui de mon père. Fille de. Le père d’Aimé est plus connu que mon père et ça m’agace quand on me demande si je suis la fille du peintre célèbre.
– p. 111
- Auteure : Louise Desjardins
- Maison d’édition : Boréal
- Date de publication : Septembre 2020
- Nombre de pages: 196 pages
Crédit photo : Vicki Milot