Martine Delvaux est une romancière et essayiste féministe. Lauréate du Grand Prix du livre de Montréal pour son essai Le boys club, finaliste pour plusieurs prix pour son roman Blanc dehors, elle se passe de plus en plus de présentation. Cet automne, elle publie un nouveau récit chez Héliotrope : Ça aurait pu être un film.
Martine Delvaux a été invitée à écrire un scénario sur la relation entre les artistes Jean Paul Riopelle et Joan Mitchell. Entre les deux monuments se trouve un troisième personnage moins connu : la peintre Hollis Jeffcoat. Alors que le projet de scénario s’effondre, l’autrice alimente une obsession pour cette tierce personne fascinante et enquête sur sa vie.
Elle se déplace sur ses traces, rencontre sa famille, visite les lieux où elle a habité, peint, aimé. Elle documente la vie de celle que peu connaissent.
Martine Delvaux veut sortir de l’ombre Hollis Jeffcoat. Elle refuse qu’elle ne soit qu’une note de bas de page en tant que l’amante de quelqu’un, aussi Jean Paul Riopelle soit-il. Elle s’oppose à ce qu’on associe Riopelle seulement à Joan Mitchell, rétrospective après rétrospective. Elle se concentre sur Jeffcoat au point de tutoyer celle qui est décédée en 2018.
Si quelqu’un avec autant de crédibilité que Martine Delvaux devient obsédée avec quelqu’un, c’est qu’il doit y avoir une bonne raison. À travers son enquête, Delvaux saupoudre sa recherche de l’univers asphyxiant des peintres expressionnistes du XXe siècle, de technique scénaristique du film qu’elle ne fait pas.
Ce récit de Martine Delvaux est extraordinaire. Son obsession est contagieuse, ses trouvailles exaltantes et son écriture capiteuse. Ça aurait pu être film aurait pu être un film, mais comme la plupart des œuvres, elle est bien meilleure en livre.
- Autrice : Martine Delvaux
- Éditions : Héliotrope
- Parution : 20 septembre 2023
- Pages : 328 pages
Crédit photo : Patrice Sirois