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Billy Robinson: libraire

Billy Robinson

J’ai rencontré Billy Robinson par un bel après-midi d’octobre, autour d’un merveilleux café du petit Café de la troisième, situé à l’intérieur même de la Librairie de Verdun. C’est dans cette ambiance conviviale que nous avons discuté de son parcours et de ses coups de cœur littéraires.

Billy n’a pas toujours été libraire. Ayant travaillé, entre autres, dans le domaine de la mode et de la santé, c’est en travaillant à titre de libraire chez Archambault qu’il réalise à quel point ce métier est fait pour lui.

« Je me souviens de ma première journée chez Archambault. Je me suis alors vraiment demandé : Mais où étais-je tout ce temps-là ? Ça été une véritable révélation. Ce travail combine toutes mes passions pour la culture et le service à la clientèle. »

Bien qu’il ait commencé sa carrière de libraire tardivement, la lecture a cependant toujours occupée une place importante dans sa vie. Son père, ancien directeur d’école, avait l’habitude de le surprendre, à son arrivée à la maison, avec des boîtes remplies de livres qui l’attendaient sur son lit. Aujourd’hui, il réalise à quel point ces moments de bonheur dans sa jeunesse l’ont marqué et ont contribué à l’amour qu’il porte actuellement à la littérature.

C’est à la Librairie de Verdun que Billy travaille aujourd’hui, soit l’une des plus grandes librairies indépendantes de Montréal. Autodidacte en la matière, il est familier depuis longtemps avec le monde du web et des blogues, ayant d’ailleurs créé La Madonnathèque en 1997. Il s’occupe ainsi du blogue de la librairie mis sur pied depuis plus d’un an.

« Le but est de se démarquer des sites où il n’y que de la vente et de créer un espace où les libraires et éventuellement les lecteurs peuvent s’exprimer et s’impliquer. Nous voulions aussi garder les traces des critiques que font nos libraires et garder en mémoire les titres qui nous ont plu. »

En me promenant dans la librairie, je n’ai pu faire autrement que remarquer leur section LGBT (Lesbienne-Gai-Bisexuel-Transgenre) qui occupe trois belles tablettes proposant plus de 300 titres. Lorsque je l’interrogeai sur l’origine et le fonctionnement de celle-ci, Billy m’expliqua qu’il était le visionnaire derrière cette initiative. Depuis longtemps, il caressait le rêve d’intégrer une telle section dans la librairie, mais il a fallu attendre le déménagement de celle-ci dans de plus grands locaux pour pouvoir la mettre en place.

Lorsque le thème principal d’une œuvre est l’homosexualité, la bisexualité ou le genre, elle entre automatiquement dans cette section. Si l’auteur est ouvertement issu de la communauté, son livre se retrouvera sur ces tablettes, bien qu’il puisse aussi être placé dans une autre section. Simon Boulerice et Michel Tremblay, par exemple, ne seront pas uniquement dans la section LGBT, mais aussi dans littérature québécoise et littérature jeunesse.

« Nous nous sommes longtemps demandé si nous devions créer cette section dans la peur de ghettoïser cette communauté une fois de plus. Mais nous nous sommes dits que si la Chick Lit pouvait avoir une tablette, la littérature LGBT aussi. Ce n’est pas ghettoïser, mais bien mettre en valeur, étant fidèles à la philosophie de la librairie de mettre le livre en valeur et d’amener de la diversité. »

As-tu une suggestion de lecture pour découvrir la littérature LGBT?

« Bien entendu, Simon Boulerice a une écriture variée qui vaut la peine d’être lue, autant dans la jeunesse que dans l’adulte. Je crois que c’est un bon départ, une belle découverte à faire. Sinon, mon gros coup de cœur est Mathieu Leroux avec son livre Dans la cage. C’est un gars de théâtre qui a le sens du punch et du rythme, l’intrigue se situe beaucoup dans les non-dits, dans la mise en scène. Il y a cette idée de proie et de chasseur, le gars dans un bar et le fait qu’en bout de ligne, il n’est pas heureux, puisque toujours pris à chasser. Leroux joue beaucoup avec les mots et les images. Il a aussi écrit un essai sur son processus d’écriture qui est fort intéressant. »

Combien de livres possèdes-tu ?

« À mon dernier déménagement, on avait compté 70 caisses de livres. J’ai maintenant 5 grandes bibliothèques à la maison, contenant plus d’une centaine de livres chacune…donc je dirais 500-600 livres… au moins ! »

As-tu un style littéraire favori ? Si oui, lequel et pourquoi ?

« Je suis un grand passionné de littérature québécoise. Pendant la rentrée littéraire, je ne lis que des auteurs québécois. Nous avons vraiment de très bons produits chez nous, de bons auteurs et de très belles maisons d’édition. D’ailleurs, à la librairie, nous sommes toujours le 12 août, nous avons tout au long de l’année une table des coups de cœur québécois de nos libraires.

J’avoue aussi avoir un penchant pour les premiers romans, la relève et les nouveaux auteurs. Le propriétaire de la librairie nous donne beaucoup de latitude à ce niveau. Il nous encourage à toujours avoir sous la main des titres que nous avons aimés même si ce ne sont pas nécessairement de gros vendeurs. Ainsi, nous pouvons toujours les proposer à notre clientèle et encourager ces auteurs émergents. »

Quelle est ta routine lecture ?

« Je lis dans le métro, le matin et le soir. Je lis aussi en allant me coucher. Étant donné que j’aime lire longtemps, je me couche tôt ! L’été j’aime particulièrement lire à l’extérieur. Aussi, en tout temps, j’ai un livre dans mon sac, car on ne sait jamais quand une opportunité de lire se présentera. »

Nomme-moi 3 de tes coups de cœur 

« Premièrement, un livre que j’ai toujours avec moi lors de salons du livre internationaux est La petite et le vieux de Marie-Renée Lavoie. Je ne sais pas, il y a quelque chose de touchant selon moi à raconter l’histoire d’un enfant à travers les yeux d’un adulte. Il y a aussi toute cette nostalgie des années ’80, le contexte d’une famille pauvre et d’un enfant rebelle, mais déterminé à s’en sortir. Marie-Renée a une écriture magnifique que j’aime beaucoup et ce livre est définitivement dans mon top 5 à vie.

Ensuite, dans la rentrée littéraire cet automne, il y a Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin. C’est un véritable conteur, un grand écrivain qui, je sais, ira loin. Suite à la lecture d’Au fil des kilomètres, je l’ai rencontré dans un salon et j’ai été surpris de faire la connaissance d’un jeune homme mature et intelligent. Je m’attendais plutôt à rencontrer un homme d’âge mûr, tellement j’ai trouvé son style d’écriture fort.

Finalement, L’écrivain public de Michel Duchesne m’a beaucoup plu. Traitant de l’analphabétisme et pourvu d’une critique sociale intéressante, j’ai trouvé ce roman plaisant et surtout sensible. »

 

Crédit photo: Françoise Conea à la librairie de Verdun

 

 

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