Alain Deneault n’est pas à son premier ouvrage montrant du doigt les failles économiques du Canada. Il a signé une multitude d’essais abondant dans ce sens. En 2020, il publie Bande de colons, où il prend une perspective historique sur le postcolonialisme à saveur canadienne.
Deneault commence en ajoutant une variable importante quasi oubliée par l’histoire dans les rapports coloniaux : le colon. Il n’y a pas que des colonisateurs et des colonisés, il y a aussi un groupe au milieu. Et il est tout à fait possible de se retrouver dans plusieurs catégories en même temps. Il donne l’exemple des Québécois à la fois colonisés (par les Britanniques), colons (exploitant les ressources naturelles en échange d’un salaire relativement faible) et colonisateurs (face aux peuples autochtones). De plus, il nuance ses propos avec une kyrielle d’exemples l’empêchant de tomber dans l’anecdotique, brisant ainsi l’argument facile de lui reprocher une mauvaise foi par rapport au sujet.
Les idées soulignées par Deneault sont très intéressantes et remettent bien en perspective notre vision du monde en tant que peuple occidental/nord-américain/canadien/québécois. Il est si facile de se ranger du côté des gentils en jetant le blâme sur le système mercantilisme européen, le gouvernement fédéral et ainsi de suite, mais tout le monde a sa part de responsabilité dans l’histoire canadienne.
Finalement, Deneault dénonce les excès du colonialisme et du postcolonialisme qui ont encore des effets aujourd’hui, particulièrement dans les communautés autochtones et au Nouveau-Brunswick. Il conclut en souhaitant le démantèlement du Canada puisque son existence est une complète imposture hypocrite et, historiquement, l’a toujours été.
Bien que le ton classique de Deneault puise souvent dans l’exaspération, il justifie entièrement sa plume. Bande de colons est un ouvrage qui vise à porter un regard différent sur l’indifférence dont nous faisons preuve et c’est extrêmement réussi.
- Auteur : Alain Deneault
- Éditions : Lux
- Parution : septembre 2020
- Pages : 216 pages
Crédit photo : Patrice Sirois