Avant de brûler est une histoire de rencontres dans un décor de fin du monde, rien ne liait la narratrice et Farah pourtant. La narratrice, recluse dans un chalet au milieu des bois, tente tant bien que mal de réapprendre à vivre après la catastrophe qui a aspiré son amoureuse dans l’eau. Elle note tout dans des carnets, une façon de nommer, mais surtout de départager le réel des rêves. Puis, un jour, Farah apparait avec ses trois enfants, affamés, fatigués de cette errance après leur fuite. On comprend au fil du livre qu’elle aussi a dû fuir son pays, sa vie, son travail à la suite d’un désastre. Ils se poseront au chalet des bois avec Marco qui prendra soin de son monde. Ils apprendront à se connaître, à se comprendre. Au milieu de ces humains qui s’apprivoisent, une bête. La dernière qui reste. Elle rôde autour des humaines, fascinée. Elle sait qu’elle aura bientôt une mission: les sauver ou les avertir du moins de ce qui s’en vient:
“La bête, sanguinolente et soulagée, ne prend pas le temps d’évaluer l’ampleur des dommages et s’enfonce dans les bois, se dirigeant vers l’odeur des humaines.”
– p.178
Virginie DeChamplain mène de main de maître ce roman fort qui nous parle de notre finitude. Elle réussit à y mettre assez de poésie pour qu’on trouve magnifique ces êtres écorchés vifs encore vivants mais se tenant prêts dans l’attente de la fin. Elle met en scène des femmes fortes, héroïnes fières, mais vulnérables. J’ai lu ce livre d’un trait. La bête, seule, dernière de son espèce apporte aussi un côté doux à l’histoire ; la proie protégeant le chasseur malgré ses vices. La beauté qui apparait dans les éléments les plus simples, à notre portée. Un livre qui donne envie de rentrer dans l’eau froide, d’aller marcher en forêt, de renouer avec la nature. Un gros wow!
- Autrice: Virginie DeChamplain
- Maison d’édition: La Peuplade
- Parution: 3 avril 2024
- Nombre de pages: 216
Crédit photo: Valérie Ouellet