Quoi lire?

La course de Rose

Il y a longtemps qu’un livre ne m’avait pas autant surpris, amusé, fait vivre des sensations fortes, nommez-en. C’est que La course de rose n’est pas un livre comme les autres. Il se présente d’abord comme une fiction de la vie quotidienne. On retrouve Rose Okanese, mère cocue sans emploi vivant sur une réserve qui tente de se reprendre en main. Pour se faire, elle décide de s’inscrire à un marathon malgré le fait qu’elle ne court pas, qu’elle a un léger embonpoint et que c’est une fumeuse aguerrie. On suit ses pérégrinations quotidiennes avec plaisir.  

L’autrice, Dawn Dumont, met en scène des personnages colorés et fait le choix de dépeindre la vie sur la réserve avec humour. On apprécie rapidement la vivacité d’esprit et la franchise du personnage principal. On embarque dans son histoire et on croise les doigts pour qu’elle ne s’enfonce pas encore un peu plus. Puis, tout à coup, alors qu’on attend que Rose court son marathon, on se souvient vaguement d’une histoire de fantôme. Voilà, le ton du livre change. Plus la lecture avance, plus on se rend compte que nous sommes dans un roman d’horreur/fantastique/légende, un beau mélange qui nous donne quelques frissons. Ce changement est à la fois déstabilisant et stimulant. Le lecteur est déjà tellement accroché qu’il ne peut laisser tomber Rose, malgré le changement de registre. Moi qui ne suis pas amatrice du genre, il m’a été impossible de déposer le livre. J’y étais accrochée comme si on m’avait jeté un sort, peut-être est-ce la vieille dame ? 

La course de Rose c’est aussi l’histoire d’une femme, de femmes, qui ragent de l’intérieur. Leurs réalités ne sont pas roses (pour ne pas faire de mauvais jeu de mots), mais elles avancent. Elles sont résilientes. Au-delà de l’humour, l’autrice nous permet de comprendre quelques-uns des enjeux, des drames, des obstacles qui sont mis sur la route des femmes dans les réserves.  

  • Autrice : Dawn Dumont 
  • Date de parution : octobre 2020 
  • Nombre de pages : 486 pages 
  • Éditeur : Éditions Hannenorak  

Crédit photo : Noémie Philibert-Brunet

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