Trois nouvelles entrelacées composent le nouveau recueil d’Éric Plamondon : Aller aux fraises, Cendres et Thetford Mines. J’ai dévoré les trois.
L’auteur nous raconte l’été 1986 où il a gradué de l’école secondaire alors qu’il s’apprêtait à quitter le domicile paternel pour emménager chez sa mère et fréquenter le Cégep de Thetford Mines. Nous revivons alors avec le personnage principal, « Plam », son bal de finissants, ses cuites mémorables avec les meilleurs amis, mais aussi la séparation des amis et de la blonde pour aller étudier à différents endroits, la liberté de la première voiture, des longs trajets les fins de semaine pour retrouver tout son monde. À travers tout ça, le personnage principal nous décrit sa relation avec son père avec lequel il a vécu jusqu’à son Cégep, la joie que son père avait à raconter les anecdotes de son village natal (on sent que le fils a bien hérité de ce trait). On reconnait les tumultes de toute relation adolescent-parent à un certain moment, mais aussi le respect, la reconnaissance de tout ce que ses parents ont fait pour lui donner les apprentissages, les expériences et l’autonomie nécessaire afin qu’il ait de bonnes bases dans la vie. C’est peut-être un peu cliché, mais c’est tellement bien raconté qu’on ne s’en rend même pas compte.
L’auteur donne aussi une grande place aux héros ordinaires, travailleurs d’usine, « leveux de coude » pour oublier, pour noyer les difficultés, les décisions qu’on aurait peut-être dû prendre, la solitude aussi. Un hommage à l’amitié, aux promesses à tenir. Dans la dernière nouvelle, Thetford Mines, on raconte un peu l’histoire de ces villes-villages miniers à travers son déménagement vers cette ville pour aller au cégep. Je me suis tout de suite reconnue, étant d’un petit village des Cantons-de-l’Est. Et que dire de la description de cette fameuse première nuit où tout nouveau conducteur a affronté sa première vraie tempête de neige, tentant de faire la distinction entre champs, fossés et route. Éric Plamondon réussit à faire remonter les souvenirs et la magie de ceux-ci à travers tout son récit.
En somme, un recueil qui fait du bien, qui se lit comme du bonbon, une excellente lecture d’été qui donne même envie d’aller aux fraises pour de vrai !
Son ton a tranché avec la tension ambiante quand, d’une voix blanche et sourde, il a lentement articulé les mots suivants : « on dirait que t’es allé aux fraises. » D’un air innocent, j’ai demandé : « Comment ça ?» « On vient de se faire réveiller par le téléphone, il a répondu. C’était la police, pour me dire qu’elle avait retrouvé mon char abandonné dans un fossé de la 138.
- Auteur : Éric Plamondon
- Maison d’éditions : Le Quartanier
- Parution : 2021
- Nombre de pages : 107
Crédit photo : Valérie Ouellet