Quand la maison d’édition chicoutimienne La Peuplade lance un nouveau titre, j’ouvre grand les yeux. Elle a du flair, de l’audace et le travail d’édition y est toujours réalisé de façon impeccable. Agathe, tout premier roman de la dramaturge danoise Anne-Cathrine Bomann, m’a charmée. Trois semaines après avoir déposé le livre, je me demande encore ce qui a contribué le plus à cet envoutement. Possiblement, la simplicité d’une histoire qui se tient et qui amène le lecteur à réfléchir à sa propre finitude.
L’histoire est, en effet, on ne peut plus simple : un psychanalyste septuagénaire un peu blasé par l’exercice d’un métier qui l’a jadis tant fait vibrer met tout en place pour prendre sa retraite et par le fait même fermer son cabinet. L’arrivée d’une dernière patiente se prénommant Agathe, souhaitant absolument être suivie par lui, remet en question tout un pan de sa vie.
C’est notre perception même des thérapeutes qui est remise en question par l’autrice en mettant en scène un homme qui accompagne les gens malheureux en avouant ne pas savoir comment réagir devant les manifestations du chagrin. Comment composer avec la douleur d’autrui quand nous ne prenons pas soin de la nôtre? Les passages sur la vieillesse sont délicieux et ceux sur le passage du temps, fort bien réfléchis. Tout au long de la lecture, une question nous taraude : mais pourquoi diantre n’a-t-il pas cessé d’exercer plus tôt? Et la réponse, comme une lumière sur notre propre vie : pour ne pas être confronté à la solitude. C’est à une thérapie par procuration à laquelle nous convie Anne-Cathrine Bomann, elle-même thérapeute.
Était-ce vraiment possible que tous les êtres humains aillent aussi mal, ou bien ne voyais-je que les malheureux? Existait-il des gens dans leurs petits foyers qui allaient se coucher satisfaits et savaient pourquoi se lever le lendemain? (p.70)
- Autrice : Anne-Cathrine Bomann
- Nombre de pages : 176 pages
- Date de parution : août 2019
- Éditeur : La Peuplade
Crédit photo : Karine Villeneuve