Théodore Moisan, écrivain dans la cinquantaine à la vie plutôt banale et sans mystère, passe un IRM pour la première fois de sa vie. Paisible et confiant, il entame cet examen médical sans vraiment y réfléchir. Mais tout à coup, l’expérience prend des airs désastreux : il étouffe, il a peur, il stresse, il entend et voit des choses qui n’existent pas… au bout d’une quarantaine de minutes, quand tout finit, il prend note de sa claustrophobie et rentre tranquillement chez lui.
Sauf que tout a changé, à la fois pour Théodore et ses proches. Sa femme n’est plus la même, elle est distante, quand elle ne dévoile pas carrément des fantasmes jusqu’ici inconnus. Les gens sont étrangement francs et déplacés. Et comble du comble, Théodore est témoin de bizarres agressions répétitives dans des lieux publics… et un étrange policier le suit. De plus, il semble avoir oublié beaucoup d’éléments de son passé. Est-ce que tout cela est lié à l’IRM ? Comment est-ce possible ? Jour après jour, le calvaire de Théodore s’empire. Que s’est-il passé, et surtout, comment revenir à avant, quand tout était normal ?
Patrick Senécal nous offre avec Résonances (Alire) un roman très différent de Flots, qui explore dans les profondeurs les angoisses intérieures d’un personnage qui semble perdre pied dans la réalité. Loin d’être dans la violence ou l’horreur, ce roman tire plutôt vers l’étrange, l’angoissant, l’inquiétant.
La structure du roman apporte une touche originale, voire une distance sympathiquement drôle, à l’histoire de Théodore. En effet, dans des courts chapitres qui ressemblent à des didascalies, Senécal nous explique qui sont les personnages, commente son histoire et annonce des passages plus rapides du temps aux lecteur·ices :
Nouvelle ellipse durant laquelle Théodore court pendant un bon moment. Tenter d’expliquer son état mental pendant cette fuite n’échapperait sans doute pas aux clichés littéraires. Théodore lui-même serait bien en peine d’exprimer clairement ses émotions. Les mots confusion, terreur, paranoïa, incrédulité et désespoir peuvent être évoqués.
– p. 231.
J’ai eu l’impression de lire un roman où l’auteur tente de s’amuser avec son lectorat, en le faisant douter, s’interroger, sourire. Alors qu’il pose des questions somme toute pertinentes sur nos fantasmes, ce qui constitue nos identités et influence nos actes et gestes du quotidien, Senécal offre aussi un regard allumé et contemporain sur les dérives de nos sociétés faites d’incompréhensions et de violences. J’en suis ressortie peut-être moins ébranlée qu’après Flots, mais curieuse, surprise et amusée.
- Auteur : Patrick Senécal
- Maison d’édition : Alire
- Date de parution : Septembre 2022
- Nombre de pages : 340
Crédit photo : Annick Lavogiez
