L’aventure du Nord québécois, à 70 ans, est-ce raisonnable? Pour Monique, la réponse est oui. Et c’est en qualité de cadre à la DPJ que cette femme prend la route de Puvernituq. Une décision qui n’a rien pour plaire à sa fille, qui tente tant bien que mal de la dissuader de partir, mais rien n’ébranlera la septuagénaire.
On le découvrira bien vite, par les courriels qu’échangent mère et fille, la vie au Nord est rude, l’alcool fait des ravages et les enfants meurent jeunes. Mais Monique n’a pas froid aux yeux. Elle fait corps avec les épreuves et trouve sa place dans ce monde en perdition.
Il faut dire qu’en sa qualité d’aînée, elle bénéficie d’une certaine aura auprès des Inuits, qui valorisent son expérience. Pour eux, elle n’est pas trop vieille pour prendre part à une partie de chasse sous la glace.
Ce singulier récit, porté par une plume vivante, nous permet aussi d’entrer dans l’univers d’Anne Hébert, une autre battante aux tempes grises. En somme, Habiller le cœur est une ode aux femmes d’âge mur qui ne s’embarrassent pas des stigmates du temps.
Pour vous donner un avant-goût de l’écriture de Michèle Plomer, voici comment son livre débute :
À l’âge de soixante-dix ans, ma mère porte encore en elle un espace de possibles et de mondes non imaginés. Elle n’a pas le dos courbé. Elle marche penchée vers l’autre, enceinte d’elle-même.
– p. 9
- Autrice : Michèle Plomer
- Éditions : Marchand de feuilles
- Parution : 2019
- Pages : 358
Crédit photo : Vicki Milot