En 2016, j’ai découvert Guillaume Morissette grâce à la parution de la traduction de son premier roman, Nouvel Onglet. C’est avec beaucoup d’impatience que j’ai attendu la parution de son second roman, Le visage originel, dont la traduction est parue l’automne dernier chez Boréal. Et quel bonheur d’y retrouver les questionnements face à cette société virtuelle et de consommation, que l’on a découvert dans Nouvel Onglet et qui sont poussés encore plus loin dans ce second titre.
Loin d’être une suite, Le visage originel introduit de nouveaux personnages, poussés par de nouveaux questionnements. À vingt-neuf ans, Daniel, le protagoniste, est un artiste qui accumule les petits emplois et développe de nouvelles façons de survivre à cette précarité qui s’étire. Créant de l’art sur Internet, il navigue dans un monde virtuel, immatériel et où l’éphémère est roi. Le roman s’amorce à Montréal alors que Daniel tente de maintenir sa relation avec Grace, créer de nouvelles œuvres et simplement survivre, face à une situation économique précaire. Rapidement las de la répétition de fêtes, consommation et stagnation de sa vie artistique, il rêve de s’évader à Toronto, où l’une de ses amies – avec qui il a davantage une relation virtuelle que réelle – habite. Une coupure complète, voilà ce que Daniel souhaite initialement : n’emporter qu’une valise et laisser le reste derrière. Mais son attachement pour Grace s’avère plus fort et il décide plutôt de tenter la relation à distance. Il part alors pour la ville-reine, convaincu d’y trouver l’inspiration. À travers les difficultés de l’isolement et de la précarité, il commence tranquillement à se trouver, mais son retour à Montréal, la pression perçue de la stabilité et de la trentaine ramènent plusieurs questionnements à l’avant-plan – au même moment où l’inspiration frappe.
Avec Le visage originel, Guillaume Morissette plonge une fois de plus dans les multiples questionnements de la fin de la vingtaine et du monde virtuel. Qui sommes-nous dans cette mer de « j’aime » et ce besoin de reconnaissance virtuel ? Comment naviguer entre les pressions de stabilité et les difficultés du travail autonome ? Grâce à une écriture directe, sans prétention et réaliste, Morissette réussit une fois de plus à nous avaler dans le monde de ses personnages, à un point tel où la fiction s’immisce dans le réel et ces questions transpercent les pages pour devenir les nôtres, poussant le lecteur/la lectrice à des réflexions sur sa propre utilisation des réseaux sociaux et de l’importance accordée au monde virtuel, irréel et de consommation. En 2016, il a été mon coup de cœur de l’année. Aujourd’hui, Guillaume Morissette est définitivement un auteur dont les œuvres me transportent, me parlent et dont j’attends la publication.
- Auteur : Guillaume Morissette
- Nombre de pages : 280 pages
- Date de parution (traduction) : 2018
- Date de parution : 2017
- Éditeur : Boréal
Crédit photo : Andréanne Bissonnette