La solitude des nombres premiers fait partie de ces histoires qui vous laissent un sentiment de vécu. On a l’impression d’avoir partagé, pour un certain temps, des tranches de vie d’autres personnes bien tangibles et tracassées par des faits crédibles — des personnages qui jaillissent du papier et continuent d’exister après la dernière page.
Ce roman, le premier du jeune auteur italien Paolo Giordano, traite de la vie de deux adolescents, Mattia et Alice, qui affrontent chacun, ensemble ou séparément, des difficultés liées à l’âge, à leur passé dense, à la relation avec leur famille et les gens de leur école, jusqu’à la relation avec eux-mêmes et leur corps. Alice a eu un accident de ski alors qu’elle était petite, ce qui a compromis à jamais sa capacité de courir et de marcher droite. Au même âge, Mattia a été à l’origine d’un accident qui a provoqué le décès de sa sœur jumelle. Des vies tronquées dès l’enfance, des traumatismes qui tracent les bords de leur existence et limitent leur capacité à être heureux.
De l’adolescence à l’âge adulte, leurs chemins continuent de se croiser et de se chevaucher. On devine dès le départ une sorte d’affinité élective qui les unit, contre tout et tout le monde, qui va franchir les obstacles qui se placent sur leur parcours depuis toujours.
C’est un roman pour jeunes et pour adultes, écrit avec précision, doigté, poignant et évocateur, dans un ton tantôt morne, tantôt nerveux, et qui a gagné un des plus prestigieux prix littéraires italiens, le prix Strega, en 2008.
- Auteur: Paolo Giordano
- Date de parution :
- Éditeur: Éditions du Seuil
- Nombre de pages: 329 pages
Crédit photo : Camilla Sironi