Jean-Simon DesRochers s’est d’abord établi comme poète avec deux recueils de poésie publiés aux Herbes Rouges. Puis, en 2009, il publie La Canicule des pauvres, lourd roman choral qui explore la vie d’une multitude de personnages vivant dans un même édifice. Le Sablier des solitudes, publié en 2011, explore aussi la mécanique complexe d’une multitude de personnages. DesRochers est un habitué.
Cette année, avec le premier tome de L’année noire, l’auteur récidive. Des dizaines de personnages gravitent autour d’un événement : la disparition d’un enfant. Certains sont impliqués directement (ses parents, entre autres) et d’autres ne sont touchés qu’indirectement par cette tragédie.
Si vous avez aimé La Canicule des pauvres pour son introspection profonde dans la vie des personnages, son développement lent mais solide et l’enchevêtrement habile des histoires, vous serez servis avec L’année noire. La disparition de l’enfant déclenche des émotions sombres et provoque plusieurs récits parallèles imprévisibles.
À cause des personnages plus nombreux, mais tout aussi complexes, on tarde parfois à apprécier chacune des histoires. On sent au début qu’on aurait besoin de prendre des notes, mais tout se place assez rapidement dès que les histoires se croisent.
La force de DesRochers est ce penchant presque naturaliste de pénétrer dans les profondeurs des personnages. On peint la psychologie quotidienne des habitants d’un quartier de l’est de Montréal avec émotions complexes et on assiste aux réactions des blessures passées et présentes avec un désengagement du narrateur qui provoque chez le lecteur une sensibilité réelle.
La mauvaise nouvelle, c’est que Les inquiétudes n’est que le premier tome d’une série de deux. Il faudra attendre l’automne pour lire la suite. L’auteur fait ceci pour nous, a-t-il raconté à La Presse, parce qu’un trop gros livre, c’est épuisant à tenir. Même s’il est très bon.
- Auteur : Simon DesRochers
- Éditeur : Les herbes rouges
- Pages : 578 pages
- Date de Sortie : 27 mars 2017