On porte tous un pays en soi, qu’il soit composé de sècheresse et de rires ou d’hivers et de rendez-vous manqués. Si on a dû le fuir, son aura poétique est encore plus émouvante, plus envoûtante. On le rêve, on le façonne, on le réinvente, mais il reste, malgré les blessures apparentes, notre petit pays. Gaël Faye, auteur-compositeur-interprète burundais de 34 ans, a remporté plusieurs prix prestigieux pour son premier roman Petit Pays dont le prix Goncourt des lycéens en 2016. C’est un grand roman que ce Petit pays.
La petite histoire de Petit pays est simple, soit celle de l’enfance de Gabriel, narrateur du récit, qui fait les quatre-cents coups dans une impasse située au Burundi avec ses amis. La petite histoire s’imbrique bien entendu dans la grande, soit celle de ce bout d’Afrique marqué par les conflits entre Tutsis et Hutus, guerre qui s’explique parce que les deux clans « n’ont pas le même nez ». Le roman s’ouvre sur le retour de Gabriel dans ce pays fui et les morceaux d’enfance qui refont surface. « L’enfance m’a laissé des marques dont je ne sais que faire. » Élevé par un père Français qui tente de le tenir à l’écart de la politique et une mère Rwandaise qui souffre de ne plus vivre dans son pays, Gabriel tente de se trouver une place dans ce monde tissé d’hostilités entre les riches et les pauvres, les grands pâles et les petits foncés. Il n’a justement pas envie de toute cette violence dont ses amis s’abreuvent. Ses propres parents sont l’incarnation même de cette division et sa mère le traduit avec force lorsqu’elle s’adresse à son mari français qui louange les beautés africaines : « Quand tu vois la douceur des collines, je sais la misère de ceux qui la peuplent. Quand tu t’émerveilles de la beauté des lacs, je respire déjà le méthane qui dort sous les eaux. »
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Petit pays est une ode à la vie, à la résilience et à la vérité. La poésie des mots conjuguée à la force du récit en font un roman digne d’une place de choix sur la table de chevet. On ne sort pas indemne de cette histoire qui creuse son sillon dans notre imaginaire bien longtemps après avoir tourné la dernière page. Il ne s’agit pas d’une autre histoire sur l’exil, il s’agit d’une excellente histoire sur le pays que l’on porte en soi.
- Auteur : Gaël Faye
- Nombre de pages : 217 pages
- Date de parution : 24 août 2016
- Éditeur : Grasset
- Provenance du livre : Librairie de Verdun
Crédit photo : Karine Villeneuve