Hiroshimoi est un livre que je convoitais depuis longtemps. Tout de cette œuvre m’attirait: son style épuré et libre, sa petitesse et, malgré le dangereux don’t judge a book by it’s cover, oui, je l’admets, sa présentation physique. À vrai dire, même le tenir dans mes mains fût agréable.
Véronique Grenier, outre être l’auteure de ce petit bijou de livre, est également une professeure de philosophie au Cégep de Sherbrooke, une blogueuse chez Urbania et une maman branchée, créatrice de son site Tumblr «Les p’tits pis moé», où elle nous partage son quotidien maternel avec humour et tendresse.
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Dans Hiroshimoi, on s’introduit par bribes, par segments, par cri de cœur dans le quotidien amoureux d’une femme en peine d’amour, en se balançant constamment entre le passé et le présent. On retraverse par ellipses les hauts et les bas d’une relation brûlante entre cette femme et un homme. Nous sommes témoins impuissants des éclats de leurs tendresses, de leurs ébats, mais aussi de leurs pires souffrances et de leurs déchirements.
On peut pisser la porte ouverte.
(p.31)
Ce qui m’a particulièrement plu de cette œuvre et qui en fait son originalité est que tout passe par le non-dit. L’auteure ne s’attarde pas aux descriptions, elle nous livre des pensées qui semblent volatiles, impulsives, et qui n’ont pas besoin d’avoir un sens profond pour qu’on s’y attache. Les images sont claires, concises et oh combien frappantes, même contenues en moins d’une ligne. Toujours empreint d’une touche d’humour et de légèreté, ce livre nous fait passer par toutes les gammes d’émotions.
Je presse le cercle au bas de l’appareil. L’heure s’affiche. La rage me prend. Encore des moments où tu te crisses que j’existe.
(p.38)
Le quotidien est un aspect très bien exploité et maitrisé. La naïveté des petites banalités sont mises de l’avant et utilisées à leur plein potentiel. Tout le monde peut s’identifier aux situations décrites par le personnage, aux sentiments qu’elle ressent. On ne perd pas de temps, on va droit au but, mais l’agencement de chaque mot est pesé et teinté d’un pétillement, d’un éclat propre à l’auteure. Les images se créent d’elles-mêmes: on ne peut s’empêcher de sourire en défilant à travers chaque page, où une nouvelle histoire nous attend.
Tu lèches le jus du melon qui coule sur mon menton et avale des morceaux à même mon ventre. Je suis une table.
(p.61)
- Auteur: Véronique Grenier
- Nombre de pages: 65
- Date de parution : 9 février 2016
- Éditeur : Les Éditions de Ta Mère
Crédit photo : Léa St-Pierre