En cette période douloureuse où attentats, terrorisme et violence sont trop souvent à l’ordre du jour dans le monde et en France tout particulièrement, ce court roman touche une corde sensible en revenant sur une autre période troublée vécue en Algérie, et en France par procuration, dans les années 50. L’écriture fluide capte l’intérêt du lecteur dès les premières pages. Et l’histoire nous fait réfléchir sur la justice, la dignité et le mensonge qui leur sert trop souvent.
Partant d’un évènement somme toute assez banal (une bombe qui n’a jamais explosée), le livre raconte l’histoire de Fernand Iveton. Poseur de la bombe, il cherchait à réveiller les consciences et à amener les propriétaires et richissimes occupants de l’Algérie, à corriger les inégalités flagrantes de l’administration française de la colonie.
En décrivant les convictions de ce jeune homme et sa foi en un communisme qu’il idéalise, le roman nous raconte son parcours, avant et après l’attentat manqué, et son destin qui restera un symbole des abus auxquels peut mener une opinion publique savamment manipulée. L’auteur ne cherche pas à faire l’apologie de l’acte terroriste, mais à exposer les faits et à montrer que la colère, la frustration et l’incompréhension peuvent mener des gens à poser des gestes terribles et à prendre des décisions douteuses. De Iveton et de ses acolytes, aux ministres et fonctionnaires éventuellement impliqués dans son dossier (François Mitterand restera marqué pour son rôle dans ce dossier), personne ne sort en héros de ce triste épisode de l’histoire.
Le roman sera primé Goncourt Premier Roman en 2015. Prix que l’auteur refusera par conviction et par désir d’éviter tout cirque médiatique : « … la compétition, la concurrence et la rivalité sont à mes yeux des notions étrangères à l’écriture et à la création … ». Un auteur dont j’attendrai avec intérêt la prochaine publication.
- Titre : De nos frères blessés
- Auteur : Joseph Andras
- 144 pages
- Date de parution : Mai 2016
- Éditeur : Actes Sud
- ISBN :978-2-330- 06322-1
- Provenance: Emprunté à la BaNQ : code A554d
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