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Sous la ceinture. Unis pour vaincre la culture du viol

Sous la ceinture

On a dit de Sous la ceinture. Unis pour vaincre la culture du viol qu’il arrivait au bon moment, c’est-à-dire lorsqu’on apprenait les agressions sexuelles dans les résidences de l’Université Laval. Son inscription incessante dans l’actualité nous renvoyant à sa nécessité. En lisant le projet polyforme dirigé par Nancy B.-Pilon, on se rend compte qu’il aurait pu paraître en 1975 en même temps que le documentaire intitulé Rape Culture, en 2012 lors de Steubenville, il y a deux ans lors d’ #AgressionNonDénoncée, il y a un an au procès de Brock Turner ou il y a deux semaines, lors des manifestations contre la culture du viol. C’est donc dire à quel point ce livre était essentiel et ce, depuis longtemps.

Les collaborateurs et collaboratrices viennent de divers domaines tels que l’enseignement, la traduction, la dramaturgie, la littérature, le journalisme, le travail social, la photographie. Si certains textes nous ont moins plu, c’est assurément qu’ils ne s’adressaient pas à nous. C’est que dans Sous la ceinture, chaque personne y va d’une perspective différente, parfois toute personnelle, d’autre fois plus théorique. Comme pour s’assurer que tout le monde fasse partie de la discussion, que chacun prenne part à l’échange, comprenne et ressente ce qu’est la culture du viol, malgré nos a priori et les différents horizons qui nous séparent. Et c’est franchement réussi.

La forme du collectif est donc variée. On y trouvera pêle-mêle essais, fictions, illustrations, photos, théâtre, poésie, récits et témoignages. On y traite de consentement, de libération de la sexualité, d’initiations, de responsabilisation des victimes, d’agressions, de menaces, de système de justice, de préjugés, de notre culture. Certains textes expliquent, d’autres bousculent. Tous répondent à la même inspiration : dire, mettre en mots, ne plus cultiver le silence.

À ce sujet, on ne saurait taire certains textes qui se distinguent par leur efficacité. Véronique Grenier, avec toute la délicatesse qu’on lui connaît, présente un outil de réflexion poétique et philosophique avec lequel elle dépeint la société mettant en place cette culture du viol. Dans un autre registre, les témoignages généreux de Sophie Bienvenu et de Gabrielle L. Collard ébranlent et émeuvent tant ils divulguent, chacun à leur manière, la vulnérabilité – et par là même révèlent la force des auteures (l’une comme participante à la culture du viol, l’autre comme survivante).

Après ces lectures, on ne peut qu’être d’accord avec la préface d’Aurélie Lanctôt et Koriass sur les possibilités et la nécessité d’un véritable dialogue entre les genres. Et sur la décontamination culturelle qui s’impose. Sous la ceinture. Unis pour vaincre la culture du viol : à lire doucement, à haute voix ou en hurlant. Dans tous les cas à écouter d’une oreille avide.

 

  • Auteur : Collectif sous la direction de Nancy B.-Pilon
  • Nombre de pages : 181 pages
  • Date de parution : octobre 2016
  • Éditeur : Québec Amérique
  • ISBN : 9782764432037

Crédit photo : Caroline Dawson

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