Quel premier roman de Paul Serge Forest ! Complètement addictif, déjanté sur les bords. J’ai eu un gros coup de cœur. À la moitié du livre, j’ai pris une photo, je l’ai envoyé à mon amie à l’autre bout du monde pour lui dire : « Ok va acheter ce roman-là, il faut qu’on s’en parle !».
Folklorique, la 138 l’est comme une danse violente dans laquelle le fleuve inviterait la route à venir le frôler puis la repousserait brutalement dans les vallons, mais en la retenant toujours d’une main. (Mori Ishikawa s’est plutôt imaginé une asymptote qui tendrait vers le fleuve, qu’il croyait être une mer, puis l’océan.) Mais la 138 est surtout folklorique à la façon d’une corrida : les distances sont longues ; il faut au moins quatre heures pour se rendre quelque part et personne n’aime perdre son temps.
– p. 94
L’auteur nous raconte l’histoire des pêcheries Lelarge et de cette famille qui a fait de Baie-Trinité sur la Côte-Nord et des ressources qu’elle recèle une compagnie prospère et par le fait même, le principal employeur de la région. À la mort du fondateur, Rogatien Lelarge, la compagnie sera partagée entre les trois enfants : Robert, Réginald (surnommé Saturne) et Suzanne, mais puisqu’il faut un chef, Robert aura une plus grosse part. La compagnie prendra de l’expansion, mais toujours sous l’œil attentif de Frédéric Goyette, inspecteur en aliments et ennemi de Robert depuis l’école secondaire. Le fragile équilibre de ce petit village sera rompu lorsque l’Homme-qui-vient, un Japonais, débarquera en ville. Qu’est-ce qu’il vient faire là ? Est-il un espion envoyé de la compagnie japonaise avec laquelle les Lelarge viennent de signer un gros contrat ? Son attirance pour Laurie, fille cadette de Robert, et sa présence près du fleuve attiseront les suspicions les plus extravagantes, mais même celles-ci ne rivalisera jamais avec la véritable raison de sa présence.
Des personnages plus qu’attachants, une trame tellement originale qu’on ne sait plus quoi penser et qu’on ne veut plus déposer le livre. En somme, un premier roman très réussi.
- Auteur : Paul Serge Forest
- Maison d’édition : vlb éditeur
- Parution : 2021
- Nombre de pages : 451
Crédit photo : Valérie Ouellet