Téa Mutonji, Torontoise, née au Congo-Kinshasha est écrivaine et poète. Elle publie ici son premier recueil de nouvelles qui, pour moi, s’est lu comme un roman, c’est-à-dire d’un bout à l’autre.
Elle signe ici un ouvrage dur qui nous parle de la difficulté d’immigrer, de vivre dans un quartier pauvre de Toronto en étant adolescente, puis femme. Elle apprendra et pensera toute sa vie que son corps sera sa planche de salut. Elle nous parle de sensualité et de sexualité sans détour. Une sexualité pas toujours jolie, souvent non consensuelle, mais qui permet aux personnages de survivre. Une sexualité comme transaction pour manger, fumer, habiter un logement, avoir un travail, une personnalité.
Bien qu’elle réfute le fait que le livre soit une autofiction, Téa Mutonji s’est inspirée de ce qu’elle a pu observer autour d’elle. Le livre est dérangeant, mais il n’en reste pas moins criant d’une réalité que nous devons, comme société, voir et changer.
Un mot sur la traduction qui est plus qu’excellente : à aucun moment on ne sent qu’il s’agit d’une traduction et ça, comme lectrice, je trouve que c’est un coup de force ! Surtout avec les thèmes abordés qui sont très actuels, très urbains.
- Autrice : Téa Mutonji
- Traductrice : Mélissa Verreault
- Maison d’éditions : Tête Première
- Parution : 2021 (publié en 2019 en version originale Shut up, you’re pretty)
- Nombre de pages : 206
Crédit photo : Valérie Ouellet