Étant étudiante en théâtre, j’ai des opportunités de lecture inouïes en ce qui concerne ce domaine artistique. Chaque jour, j’en apprends un peu plus sur les œuvres théâtrales de la relève québécoise. Récemment, j’ai eu la chance de lire Saint-André-de-l’Épouvante, une pièce-thriller de l’auteur Samuel Archibald. J’ai cru bon de vous en faire part, ce texte étant approprié en ce mois de l’Halloween.
Samuel Archibald, auteur québécois né à Arvida, est surtout connu pour sa première œuvre au nom éponyme, qui est un recueil de nouvelles. Je trouvais aussi important de mentionner que cette pièce, toute récente, a été montée au théâtre Espace Go de Montréal le printemps passé, du 18 février au 12 mars 2016, sous la direction de Patrice Dubois.
On entre alors maintenant dans le vif du sujet. (Je vous le dit tout de suite : si vous n’êtes pas amateur d’histoires d’horreur et de suspense, vous n’éprouverez sûrement pas beaucoup de plaisir à lire cette pièce.) Cinq personnages, en un soir d’orage épouvantable qui dure depuis deux jours, se retrouvent prisonniers du bar «Le Crystal», où ils attendent patiemment que le ciel se dégage. Sous nos yeux, une gamme de personnes inusitée : Loulou, la barmaid, Rénald, l’homme au cœur d’enfant, Martial, le sergent de police, Mario, l’homme à tout faire et l’étranger – le «gars de la ville». Ils n’auront seulement en guise de compagnie que leurs personnes et de vieilles histoires ressassées. Seulement, une autre histoire, celle-ci beaucoup plus dangereuse, prendra forme avec le temps, impliquant bien malgré eux tous les personnages. Car ils seront peut-être protégés de la pluie, mais beaucoup moins en sécurité qu’ils ne le croient.
Bien qu’elle fût légère, cette lecture m’a beaucoup plu. Pour être honnête, il a été pratiquement impossible pour moi de poser ce livre, étant dans ma zone de confort – je suis effectivement toujours partante pour une dose de piquant dans mon quotidien, que ce soit un film d’horreur ou un roman d’épouvante. Déjà, pour ma part, une pièce de théâtre se lit habituellement assez rapidement ; ici, on peut dire que j’ai complètement dévoré ma lecture. La pièce d’Archibald m’a d’abord attirée, pour ensuite me séduire : le tout coule extrêmement bien, les mots, dans un langage familier qui me tient à cœur, sont bien choisis. Le texte respire et on ne se perd surtout pas dans de gros blocs de texte. C’est simple, facile, mais efficace. Un autre aspect que j’ai adoré est l’ancrage dans le moment présent, mis en place à l’aide d’un huis clos (pièce où il n’y a pratiquement aucune entrée ni sortie des personnages). Le fait que tous soient dans le même lieu durant tout le récit ajoute un élément d’inconfort et de mystère qui m’a vraiment accrochée. De plus, à travers un fil conducteur macabre et suspicieux, on retrouve aussi quelques histoires déroutantes, racontées par les personnages eux-mêmes.
Bref, toutes les particules de cette œuvre, des personnages sensibles et bien construits aux choix des mots, en passant par l’ambiance déstabilisante se complètent pour créer un petit bonbon théâtral, qui se déguste particulièrement bien en une soirée d’Halloween.
- Auteur: Samuel Archibald
- Nombre de pages: 104
- Date de parution: 15 février 2016
- Éditeur : Le Quartanier
- Provenance du livre : loué à la bibliothèque Saul-Bellow de Lachine
Crédit photo: Lea St-Pierre