Comme un florilège de cartes postales, Quelques lieux de Constance nous présente des instantanés de la vie de Constance, virevoltant à l’étranger et ne posant le pied à Montréal que pour des obligations familiales. Habituée à voguer d’un lieu à l’autre, ce seront des évènements hors de son contrôle qui l’obligeront à enfin se poser et à affronter ses propres démons. Rapatriée pour signer les papiers qui imposeront la fin du souffle de sa mère qui se meurt, Constance pensait ne rester que le temps d’accomplir cette lourde tâche. C’est que son besoin perpétuel de fuir est plus fort qu’elle, même s’il a comme conséquence la dissolution de ses repères. Elle devra pourtant revenir, pas seulement poser le pied, et c’en sera fini pour elle d’esquiver les liens sociaux qui l’ont formée.
Avec délicatesse et sensibilité, Catherine Lavarenne nous raconte ce qui semble d’abord être l’éparpillement de son héroïne, Constance. De son histoire, on n’en connaît que des ficelles : jeune, elle a fugué et celle qu’elle appelle sa mère ne serait pas celle qui l’a mise au monde. On a donc l’impression qu’il faudra la patience d’une tricoteuse pour comprendre ce qui en fait quelque chose de plus tangible. Constance ne fuit pas la vie, mais semble refuser d’être réellement une maille dans le tissu social, alors elle demeure en partance et esquive ainsi le souvenir.
« C’est de notre amitié que notre famille est née, vous savez. On a eu de la chance de se choisir, ce n’est pas commun. Je mentirais si je disais que je me souviens de tout. Les souvenirs importants, ils se fabriquent un peu après coup, on garde ceux auxquels on trouve un sens lié au présent. Les autres, on les oublie. »
Mais qu’est-ce qui cause cette obsession viscérale à ne pas prendre racine? On aura quelques réponses, mais il est aussi vrai que beaucoup de questions laissées en suspens peuvent donner l’impression d’un roman inachevé, un peu à l’image de la vie de Constance. S’il est incontestablement bien écrit et que l’histoire captivante, on en aurait pris davantage et espérions que l’autrice ose davantage s’engager pour nous permettre de tisser des fils plus durables avec son histoire. On aurait aimé qu’elle se pose plus longuement sur le récit de son personnage, qu’elle aille dans les profondeurs de sa vie question que nous, on s’y attache.
Dans tous les cas, avec Quelques lieux de Constance, Catherine Lavarenne signe un premier roman bien ficelé sur l’errance, l’abandon et l’inévitable retour à soi que nous renvoient les lieux et les choses qu’on a habités.
- Autrice : Catherine Lavarenne
- Nombre de pages : 163pages
- Date de parution : 2018
- Éditeur : Héliotrope
- ISBN : 978-2-924666-44-9
Crédit photo : Caroline Dawson