Cette autofiction est écrite dans un style de littérature intimiste. C’est un roman coup de poing ; pas de gants blancs, pas de manières, pas de complaisance. À un certain moment l’auteure fait référence à Annie Ernaux et on peut comprendre ; il y a certainement une parenté dans la proximité avec le lecteur. Cette façon de parler de l’intimité, ce regard posé vers l’intérieur, c’est fascinant, dérangeant et tellement bien rendu. Le rythme tendu de l’écriture nous garde sur le qui-vive. Maude Veilleux est une auteure qu’il faut prendre au sérieux. Malgré la lourdeur du propos le roman se lit très bien. On embarque dans son histoire et on en redemande.
Elle est mariée ; avec son mari Guillaume ils forment un couple qui fait l’envie de leur entourage. Un couple parfait, faits l’un pour l’autre. Ils ont mis de l’avant l’idée du couple ouvert : ils auraient des relations avec des amants, mais reviendraient coucher à la maison. Ils croient que cette entente assurera la solidité de leur couple. Elle travaille dans une librairie. Elle a un employé, Sébastien, qui devient son amant. Entre les deux hommes de sa vie dont elle a besoin, il y a la solitude. Une solitude qu’elle n’a jamais encore connue et qui lui fait peur. Elle tombe en amour avec Sébastien. Le couple ouvert est rompu. Le roman s’écrit à mesure qu’on tourne les pages ; on accompagne l’auteure dans son quotidien. On est lié à sa vie, à sa pensée.
Maude Veilleux met tout sur la table ; son cœur, son esprit, son corps. Son personnage s’abandonne à une sexualité où la violence est présente, pleure beaucoup, boit à en être malade, fume des joints, mange du gâteau au pot et entretient des pensées suicidaires. Mais au-delà de cette défonce on comprend son besoin d’écrire, l’urgence, la nécessité du geste d’écriture. Elle recherche avant tout une émotion et peut-être aussi la solitude. Oui encore cette solitude qui se manifeste comme un défi, un pas en avant dans sa vie. Prague devient alors, au-delà de la destination, le détachement ou la retraite menant à la découverte de soi.
- Titre : Prague
- Auteure : Maude Veilleux
- Nombre de pages : 107 pages
- Date de parution : 2016
- Éditeur : Hamac
Crédit photo: Richard Martel