L’autrice et l’obtentrice du Goncourt du premier roman pour Marx et la poupée publie maintenant son deuxième roman inspiré de son histoire, Pour que je m’aime encore. Madjidi nous raconte l’histoire d’une jeune fille d’origine iranienne qui habite et vit dans une banlieue parisienne, Drancy. Bien que cette dernière tente de s’adapter le mieux possible, elle ne se reconnait pas dans les standards de beauté occidentaux. Alors qu’elle rêve de ressembler à Cindy Crawford, Claudia Schiffer, elle se découvre une coiffure indomptable, une pilosité très forte, bref elle ne s’aime pas. Le milieu dans lequel elle évolue n’aide pas, elle est stigmatisée par les autres enfants. Au lycée, ce n’est pas vraiment mieux, mais la littérature et monsieur Ortega, un enseignant de français l’inspireront à poursuivre.
Lorsque la narratrice raconte son parcours scolaire lycéen, elle fait un tel constat clair de ce qu’est l’école publique que ça en devient vite comique malgré la tragédie de cette réalité. Avec brio, elle distingue trois types d’enseignants: les Guerriers vainqueurs, les Guerriers vaincus et les Guerriers vaincus devenus fous:
Les Guerriers vainqueurs avaient en eux une drôle de flamme, un peu comme les Vestales, un feu qu’ils gardaient toujours allumé dans le regard, dans la tête, dans le corps tout entier. Ils ne connaissaient pas le désespoir, encore moins la résignation. … À côté des Guerrier vainqueurs, il y avait les Guerriers vaincus. Ils n’attendaient plus rien de rien. On ne pouvait rien attendre d’eux non plus. Autrefois, ils étaient des Guerriers vainqueurs mais le temps, l’habitude, le confort, les durs coups de la vie, l’usure avaient eu raison d’eux. … Parmi les Guerriers vaincus, il y avait une sous-espèce tragique, celles et ceux qui sont devenus fous. Les élèves les avaient rendus fous mais peut-être aussi des événements liés à leur vie personnelle ou des dispositions intérieures et héréditaires.
Je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai des noms qui me viennent en tête pour chaque profil. Malgré ces différents types d’enseignants et le fait d’avoir grandi dans une banlieue difficile, le courage et la persévérance, l’inspiration des Guerrier vainqueurs aideront l’héroïne-autrice à réussir et à devenir à son tour, une Guerrière vainqueure.
- Autrice: Maryam Madjidi
- Maison d’éditions: Le nouvel Attila
- Parution: mai 2022
- Nombre de pages: 206
Crédit photo: Valérie Ouellet