Lisa Bird-Wilson est une autrice crie-métisse ayant survécu à la rafle des années 60, pendant laquelle des milliers d’enfants autochtones saskatchewanais ont été enlevés de leur famille pour se faire adopter par des familles blanches. Après avoir écrit des nouvelles et de la poésie, elle a écrit un premier roman, Possiblement Ruby, publié en français cet automne aux éditions Hashtag.
On suit Ruby, une enfant autochtone adoptée par une famille blanche. Un jour, elle prend conscience de son identité et entreprend la recherche de sa famille et ses racines. Pendant cette quête, elle s’égare de nombreuses fois dans l’échappatoire des drogues et des relations difficiles. Le sujet de l’adoption transraciale et son impact identitaire est souvent ignoré, mais avec ce roman brillamment écrit, l’autrice jette la lumière sincère sur des difficultés particulièrement incomprises.
Justement, le style de Bird-Wilson est très généreux en détail et cela crée une atmosphère authentique. L’autrice est franche et directe. Pour un portait d’un moment aussi dur de l’histoire canadienne, il fallait que le livre ait ce ton. Malgré l’intensité, elle touche autant à la douceur qu’à l’humour noir. Le tout tient à merveille.
Aussi, l’histoire est écrite dans une chronologie éclatée. Chaque chapitre met l’accent sur une année et un personnage différent qui participe de près ou de loin à la quête de Ruby. Cette ligne du temps brisée prend un certain temps d’adaptation pour le lecteur. Il vaut mieux accepter une certaine confusion et se laisser entraîner par l’autrice plutôt que d’essayer de résoudre ce casse-tête. C’est sans doute le seul bémol de ce si bon roman.
Possiblement Ruby a déjà été finaliste pour des prix littéraires anglophones et il est très facile de comprendre la raison pour laquelle il est si acclamé. Lisa Bird-Wilson utilise toute sa lucidité pour raconter un périple qui vaut vraiment le détour.
- Autrice : Ruby Bird-Wilson (traduction de Felicia Mihali)
- Éditions : Hashtag
- Parution : 6 novembre 2023
- Pages : 308 pages
Crédit photo : Patrice Sirois