Daniel Bélanger nous offre cet automne son premier recueil de poésie bien que, pour moi, tous ses textes en étaient déjà. L’auteur-compositeur-interprète prend un temps d’arrêt pour réfléchir à l’être humain qu’il est, qu’il représente, à sa vie, à sa mort et à ce qu’il lègue: aura-t-il plus nui qu’aidé? Est-ce que moi, en tant que citoyen, à ce moment-ci, je contribue aux grands problèmes de l’humanité ? Il se pose toutes ces questions alors qu’on le retrouve un peu partout, mais surtout sur la route. Alors qu’il dépasse des camions emmenant les porcs à l’abattoir, il s’exprime:
La brume peine.
– p. 18
La rumeur veut que nous
attendions la neige
lundi. Sur les autoroutes
du monde foncent
mille camions emplis de porcs.
Parfois, en dépassant un convoi,
je me demande lequel de nous
deux terminera le premier
à l’abattoir.
Néanmoins, n’allez pas penser que c’est un recueil moralisateur ou que Bélanger ne parle que du destin de ces pauvres bêtes, ce serait mal connaître l’auteur. Il aborde beaucoup de thèmes: la vie, l’amour, la tristesse, la nature, les saisons. Avec ses mots incisifs, Daniel Bélanger réussit rapidement à nous toucher, à nous atteindre et ça fait du bien, c’est beau.
Novembre. Nourrir
– p. 59
une escarbille est utile entre
gens qui s’aiment.
User de son ingéniosité.
Se poser au plus aveuglant de
soi pour contrer l’obscurité
envahissante,
tenter d’influer sur le
mouvement de la Terre.
- Auteur: Daniel Bélanger
- Maison d’éditions: Les herbes rouges
- Parution: 30 août 2022
- Nombre de pages: 104
Crédit photo: Valérie Ouellet