Ancienne journaliste, artiste visuelle et maintenant auteure, Carol Daniels a plus d’une corde à son arc. Avec Peau d’Ours (originalement Bearskin Diary), elle signe son premier roman. Inspiré de son vécu, cri du cœur contre les politiques canadiennes d’assimilation des Autochtones et récit d’un retour aux sources, Peau d’ours révolte, inspire, attriste, mais surtout absorbe le lecteur/la lectrice, jusqu’à ce que la dernière page soit tournée et au-delà.
Le livre suit Sandy, jeune femme d’origine crie, dont l’enfance est marquée par la rafle des années soixante. Prise à sa mère par cette politique gouvernementale visant l’acculturation des enfants autochtones par le biais de placement auprès de famille blanche, Sandy a grandi dans une famille d’origine ukrainienne. Seule dans une marée blanche, elle se sent rapidement mise à l’écart, différente et développe un dédain de sa peau foncée. Ce passé, on le découvre au fil des pages et des souvenirs de Sandy, aujourd’hui adulte et journaliste. Son quotidien est marqué par une lutte contre le racisme à l’encontre des Autochtones – que ce soit au travail face à des collègues qui considèrent qu’une « indienne » n’a pas sa place à la télévision ou dans les bars, où les hommes l’approchent avec la certitude qu’elle est une « indienne facile ». Puis arrive sa rencontre avec Blue, un Métis qui termine sa formation de policier et vit lui aussi les conséquences des discours haineux envers les Autochtones. De cette rencontre en découle une plus profonde encore : la rencontre avec sa culture autochtone, sa famille perdue et avec elle-même.
Peau d’ours est d’abord une histoire de (re)découverte de soi, de rencontre avec la culture autochtone et de force au féminin. L’ancrage du livre dans une réalité historique concrète floute parfois les lignes de la fiction. Il est facile d’oublier qu’il s’agit d’un roman, et non pas d’une biographie – et une simple recherche sur l’auteure nous permet de voir que sa vie a inspiré plusieurs éléments du récit. Et c’est là toute la force émotionnelle transmise par les mots de Carol Daniels. Peau d’ours est une force tranquille, un roman qu’on ne veut pas poser, et une histoire qui ne doit pas simplement être lue ou découverte. C’est un roman qui doit être crier haut et fort, une partie de l’histoire qu’on ne peut plus cacher.
- Auteure : Carol Daniels
- Nombre de pages : 313 pages
- Date de parution originale : 2015
- Date de parution de la traduction : 2018
- Éditeur : Editions XYZ
Crédit photo : Éditions XYZ