Wajdi Mouawad, auteur et homme de théâtre dont la réputation n’est plus à faire, a décidé de tenir un journal pendant le premier confinement en France où il nous livre ses réflexions, ses craintes et ses joies.
Le journal débute le lundi 16 mars 2020, jour 0 de ce « lockdown » quasi-planétaire.
En ce premier jour de confinement, faire l’état des lieux relève d’une impossibilité, c’est comme écrire à rebours de moi-même. Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je ressens. Je ne sais pas où est la mesure de toute chose. Je ne sais pas si ma lucidité est une panique.
– p. 1
Le dramaturge alterne entre ses souvenirs lorsqu’il habitait Montréal et que l’hiver ne finissait plus, il nous parle aussi de son Liban natal, de l’arrivée de sa famille en France. Il s’appuie aussi sur plusieurs auteurs qui ont écrit sur ce confinement, cette solitude, cet espoir qui, parfois, a de la difficulté à durer dans le temps. À travers ces réflexions, nous trouvons aussi des moments plutôt loufoques comme son expérience d’enseignement à la maison :
Seulement voilà, le son qu’il devait apprendre aujourd’hui n’était pas le plus simple, bien au contraire. Ce n’était ni le «oi», ni le «ou», ni le «é», ni le «on», mais beaucoup plus insidieux, beaucoup plus vicieux, moins évident, presque hypocrite, flou, indécis, incertain, il s’agissait du plus lamentable son qu’un enfant du Cours préparatoire puisse affronter, je veux parler ici bien sûr du son «gn», imprononçable son, insupportable son, sans doute le plus horrible d’entre tous. «Gn»
– p. 30
J’ai beaucoup aimé suivre l’évolution de ce confinement, je sais ça fait bizarre à dire, à écrire, mais de voir que je n’étais pas seule à vivre une gamme d’émotions qui changeait d’un jour à l’autre fait du bien et comme toujours, l’auteur nous donne envie d’aller dans nos réflexions et nous propose plusieurs auteurs afin de poursuivre celles-ci.
- Auteur : Wajdi Mouawad
- Maison d’édition : Leméac/Actes Sud
- Parution : 2021
- Nombre de pages : 180
Crédit photo : Valérie Ouellet