Alexis Vollant est pianiste et poète originaire de la communauté innue de Pessamit. Il publie ce printemps son premier recueil de poésie intitulé Nipinapunan aux éditions Hannenorak.
Nipinapunan raconte à travers des vers le mal du pays d’une narratrice innue de Pessamit. Son conjoint allochtone désire vivre un été en terre autochtone et le dialogue intérieur de la narratrice souligne tous les conflits qu’elle éprouve à ce moment-là.
les rues sales de Montréal
– p. 14
elles ne te rassasient plus
tu paniques, tu dégueules
tu cherches où trouver le pétrole
tes yeux encore bleus
viennent me quêter pardon
tu me demandes une imitation
de ce que tu as vu là-haut
dans la Caniapiscau
La plume de Vollant est pure et sensible. Le poète place les mots doucement et construit une histoire qui coule lentement. Il construit un mal de vivre complexe et contradictoire, une volonté de trouver le bonheur dans une prison de circonstances. Se mélangent ainsi quête identitaire, désir d’intégration et ressentiments postcoloniaux. C’est très réussi.
Ils nous ont appelés Sauvages
– p. 32
car ils ont vu qu’on était libres
[…]
il n’y a pas de mot « liberté » dans ma langue
tu dis qu’on peut peut-être la trouver
mais puisqu’on l’a perdue
il nous faudra l’inventer.
Nipinapunan est l’histoire d’un cri profond et authentique. C’est un regard nouveau sur les mains tendues remplies de bonnes intentions. Alexis Vollant a non seulement un talent pour la poésie, mais aussi pour la narration complexe. Son premier recueil de poésie est une découverte incroyable.
L’été nous regarde
– p. 34m
du haut de son balcon
devenir vieux et perdre nos plumes
nous envoler avec effort
il lance sa chaleur sur nous
comme une flèche s’éjecte de son arc
pour nous ramener à la maison
- Auteur : Alexis Vollant
- Éditions : Éditions Hannenorak
- Parution : 30 mai 2023
- Pages : 98 pages
Crédit photo : Patrice Sirois