Incroyable, magnifique, incontournable roman islandais, Miss Islande, écrit par Auður Ava Ólafsdóttir et publié aux éditions Zulma, est un chef d’œuvre.
L’histoire va comme suit : Hekla, jeune femme belle et talentueuse, se frotte aux limites et stéréotypes de son époque. C’est-à-dire que dans les années 60, à Reykjavik, les femmes ne sont encore bonnes qu’à être belles, mariées, mères ou diverties par la puissance de leurs fourneaux. Mais Helka rêve de plus. Et toutes les nuits, après les longues heures de son emploi dans un hôtel où elle expérimente micro-agressions sur micro-agressions, elle écrit des poèmes et des histoires… qu’elle ne pourra publier que sous un pseudonyme masculin. Entre sa meilleure amie qui se débat dans la maternité et son meilleur ami qui souffre de l’homophobie de son siècle, Helka avance pas à pas et à contre-sens vers la modernité.
Dans un style d’une grande finesse et avec un rythme parfait, Audur Ava Olafsdottir nous fait découvrir plusieurs personnages touchants, uniques et profondéments humains, qui tentent de survivre dans un monde trop étriqué pour eux. Sans militance ni combat, chacun résiste à sa façon dans son quotidien et s’échappe comme il peut pour se développer un meilleur avenir. Tout est bien qui finit bien ? Non. Les victoires sont là, mais minimes, les retours en arrière fréquents. Et c’est ce qui fait toute la force et la justesse de ce récit, son réalisme, la description parfaite des incohérences d’une société qui certes évolue, mais ne se révolutionne pas en quelques années.
J’ai tout simplement dévoré ce roman, conseil inattendu d’un libraire du Port-de-tête, et je vous le recommande chaudement.
Lire aussi la critique de Laurence Gagnon.
- Auteure : Auður Ava Ólafsdóttir
- Maison d’édition : Zulma
- Date de parution : traduction 2019 (version originale en 2018)
- Nombre de pages : 261