***coup de poing***
Je veux commencer cet article en vous disant que vous n’êtes pas prêt.e pour ce livre, du moins je ne l’étais pas et quelques jours après l’avoir dévoré, je ne suis toujours pas remise encore de ma lecture. Je suis toujours KO.
L’autrice, Geneviève Rioux, a puisé la force de son drame personnel et familial pour écrire une fiction, proche de son vécu, qui déstabilise, qui fait peur, mais qui force aussi l’admiration. Son personnage, Stéphanie Cardin, est victime d’une tentative de viol et de meurtre, elle est laissée pour morte par son agresseur. Son combat contre ce dernier est relaté dans le détail. Même aux soins intensifs, Steph est fière d’avoir battu, d’avoir gagné « Même pas morte ». Pourtant, tout le monde autour d’elle est profondément bouleversé par l’odieux du crime, une agression de plusieurs coups de couteau reçus, principalement au visage.
Encore plus troublant ? La mère de Steph Cardin a été agressée de façon similaire 19 ans plus tôt alors que Stéphanie n’en a que 7. Une coïncidence ? Plus le récit avance, et moins le lecteurice continue à croire aux coïncidences comme les policiers d’ailleurs.
Rapidement, un sujet d’intérêt dans l’entourage proche de Stéphanie deviendra suspect : son meilleur ami qui était amoureux d’elle alors que les sentiments n’étaient pas réciproques. À l’aide du profileur de la Sûreté du Québec et des policiers, elle tentera des retrouvailles avec celui-ci afin de le faire avouer. Oui, vous avez bien lu, elle accepte de revoir son possible agresseur face à face. Ce dernier aura des propos troublants, surtout qu’il accepte de la revoir un an jour pour jour après le pire cauchemar de Stéphanie, mais il n’avouera pas le crime. N’ayant qu’une seule opportunité de faire accuser un suspect, la direction des poursuites criminelles et pénales décidera de ne pas aller en procès, pourtant le doute raisonnable est plus que présent.
Cette fiction est plus que troublante, mais ce qui dépasse ce seuil, c’est l’histoire personnelle de l’autrice. En 2018, elle a reçu 18 coups de couteau, dont 8 au visage. Un suspect dans l’affaire qui avait été arrêté, un « ami proche » de la victime, a poursuivi le service de police de Sherbrooke pour atteinte à la réputation. Il n’a jamais été accusé.
On referme ce livre sans jamais le refermer, j’écris rarement directement aux auteurices que je lis, mais, ici, je l’ai fait parce que je ne peux pas m’imaginer la force et le courage de cette femme, d’avoir choisi l’écriture (Survivaces chez Mémoire d’encrier en 2022 et Même pas morte chez Stanké en 2024) pour obtenir ne serait-ce qu’une once de justice qu’on souhaite libératrice, qu’on souhaite réparatrice. Je pense que je parlerai de ce livre jusqu’à la fin de ma vie. Impossible aussi de ne pas faire de parallèle avec l’affaire des viols Marzan, Geneviève Rioux contribue, à sa façon, à ce que la honte change de camp. Parce qu’il est plus que temps.
Besoin d’aide:
Info-Social (811)
Le CALACS – Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel et la violence faite aux femmes: 1-877-717-5252
Le CAVAC – Centre d’aide aux victimes d’actes: 1-866-532-2822
Le CSJR – Centre de services de justice réparatrice: csjr.org
- Autrice: Geneviève Rioux
- Maison d’édition: Stanké
- Parution: 18 novembre 2024
- Nombre de pages: 248
Crédit photo: Valérie Ouellet
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