Catherine Larochelle, professeure d’histoire, chercheuse et autrice du livre maintes fois primé L’école du racisme (PUM, 2021), revient cet automne avec un ouvrage captivant intitulé Marie-Louise et les petits Chinois d’Afrique. Dans ce livre, elle explore un moment historique québécois à la fois précis et fascinant.
À Rome, une association missionnaire a préservé des archives de correspondances en provenance du Québec. Au XIXe et au XXe siècle, des fidèles catholiques, en majorité des femmes, envoyaient des fonds pour «sauver l’âme» de petits Chinois. Qu’est-ce qui justifiait ces dons et ces lettres parfois maladroites, surtout envoyées avant la Révolution tranquille ?
En tant qu’historienne, Larochelle se penche sur le phénomène québécois de L’Œuvre de la Sainte-Enfance. Elle adopte une approche originale en rédigeant elle-même des lettres qui détaillent ses découvertes. À travers ses réflexions, le lecteur peut également découvrir de véritables correspondances du début du XXe siècle. Ces lettres, à la fois touchantes et déstabilisantes, rappellent un Québec régional qui, bien que révolu, reste proche de nous. C’est tout simplement captivant.
Les conclusions de Larochelle s’inscrivent dans le paradigme actuel de l’historiographie. Elle analyse l’impact de la religion et de la colonisation sur les Québécois, et plus particulièrement sur les Québécoises, au début du siècle. Par exemple, elle s’interroge sur les motivations d’une femme de Beauce souhaitant envoyer quelques sous à Rome pour sauver un Chinois païen qu’elle imagine en Afrique. Bien que ce phénomène soit en soi une découverte étonnante, les conclusions auxquelles parvient l’historienne, bien que prévisibles, demeurent logiques et pertinentes.
Parmi les trouvailles de Larochelle, certaines sont particulièrement précieuses. Elle met en lumière une lettre d’une femme évoquant des douleurs menstruelles, une révélation touchante qui soulève des questions sur l’intimité de cette correspondance avec un destinataire aussi abstrait. Qui aurait pensé qu’une telle mention, potentiellement liée à l’endométriose, pouvait apparaître à cette époque ? Ce passage représente un moment fort et émouvant des recherches de l’historienne.
En résumé, Marie-Louise et les petits Chinois d’Afrique est un ouvrage qui aborde un aspect singulier de notre histoire tout en offrant une perspective éclairante. Catherine Larochelle, avec brio, nous invite à porter un regard nouveau sur notre passé.
- Autrice : Catherine Larochelle
- Éditions : Mémoire d’encrier (coll. Cadastres)
- Parution : 18 septembre 2024
- Pages : 160 pages
Crédit photo : Patrice Sirois
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