Dans un style complètement original, Sofie devenue Tobi nous raconte sa sexualité en toute honnêteté, mais en passant par différents sujets tels que: le football, la philosophie, les études de russe, les voyages, ses amitiés et sa famille. Il est presqu’impossible de tenter d’expliquer ce livre plus qu’intéressant, mais je vais tenter de le faire.
Dès le début de l’adolescence, Sofie se sent “à côté de la plaque”, une expression qui reviendra souvent dans le livre. Elle ne se sent jamais belle, elle fuit les miroirs. Ses premières relations amoureuses sont plutôt décevantes. La narratrice nous en confie tous les dessous en interpellant souvent le lecteurice avec cette interrogation: vous pigez?
Puis, viens quelques fois où Sofie a du désir pour des femmes, elle aura quelques aventures lesbiennes, même si certaines partenaires ne la prennent pas au sérieux. Elle se sentira de plus en plus garçon et moins fille pour finalement devenir Tobi. Ce qui sort de l’ordinaire dans ce récit, c’est sans contredit le style d’écriture de l’auteur qui passe un peu du coq à l’âne, sa grande intelligence et la façon de nommer de grandes vérités sur un ton presque banal ou plutôt humoristique :
“Il arrive qu’on ne prenne pas vraiment soin de ses propres intérêts ; il est alors très important d’avoir une autre personne que soi pour qui on souhaite le meilleur. S’il en est ainsi, qu’on le veuille ou non, on se comporte normalement.
Dans mon cas, cette autre personne, ça a donc été les chats. D’une certaine manière, ils m’ont sauvé la vie. Vous savez ce qui a pesé? Je voulais donner le bon exemple. Je voulais que ces chats sachent que ce que les gens disent n’a aucune importance, quels que soient les propos qu’ils tiennent ou non sur votre pelage ou sur votre physique au sens large. Ils peuvent aller se faire foutre – c’est ce que je voulais transmettre aux chats. Aller se faire foutre.” P.119
Vous voyez ce que je veux dire ? Au bout de ce récit, on en ressort un peu encore sous le choc, l’honnêteté et la profondeur de l’auteur sont bouleversantes, le style d’écriture (chapeau au traducteur!) cherche à nous impliquer tout en étant très drôle alors que les thèmes sont plutôt sérieux. C’est certainement une lecture qui sort de l’ordinaire, qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais que j’ai appréciée et que je recommanderai à mes ami.e.s lecteurices. Bref, si vous souhaitez une lecture qui sort du cadre, touchante et drôle à la fois, ce récit autobiographique est pour vous.
- Auteur: Tobi Lakmaker
- Traducteur: Daniel Cumin
- Maison d’édition: La Peuplade
- Parution: 4 septembre 2024
- Nombre de pages: 256
Crédit photo: Valérie Ouellet